48 monnaies de
16 types différents ont été rassemblées parmi celles trouvées au lieudit La
Rousselière, sur la commune de Cheverny, en 1827 : trois deniers de la
République romaine figuraient parmi un ensemble de monnaies gauloises étudié
par Louis De La Saussaye. Son article, paru en 1836 dans La revue de la
numismatique française rappelle, dans son introduction, le contexte de cette
trouvaille.
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« Les environs du bourg de Cheverny présentent aux observations des archéologues d’irrécusables souvenirs des temps antiques. Des haches celtiques en jade, des médailles romaines, des tuiles à rebords, ont été découvertes sur divers points et ont révélé l’existence d‘anciens établissements dont la fondation date de l’époque gauloise. M. le comte de Vibraye, propriétaire du château de Cheverny, et notre collaborateur, a découvert dans une portion de ses bois, appelée la Vente de la Pierre qui tourne, les débris d’un peulvan, auquel cette vente dut sans doute son nom, et qui conserve le souvenir d’une croyance dont
l’origine remonte aux temps les plus reculés. Enfin, des travaux ordonnés par M. de Vibraye, en 1827, pour le dessèchement de l’étang de la Rousselière, voisin de la Vente de la Pierre qui tourne, mirent au jour de nombreux débris de constructions antiques, et l’enfouissement de médailles gauloises.
Louis De La Saussaye
En se basant sur cette étude, La Grenouille en a actualisé les données au regard des connaissances numismatiques actuelles.
Les monnaies gauloises du trésor de La Rousselière
proviennent de 3 tribus : les Bituriges (Bourges), 22 monnaies d’argent, les
Sequanes (Besançon), 15 monnaies d’argent, les Eduens (Bibracte, région du
Mont-Beuvray), 4 monnaies d’argent. Louis De La Saussaye avait attribué cette
dernière monnaie aux Pictons (Poitiers).
À noter qu’aucune des monnaies de ce trésor qui
sont parvenues et ont été étudiées par Louis De La Saussaye n’appartenait aux
Carnutes qui peuplaient pourtant notre territoire et qu’aucune monnaie de
bronze n’a été trouvée. Le poids de ces deniers d’argent gaulois correspond à
1/2 denier romain (soit un quinaire romain).
Après la conquête de la Gaule par Jules César, les
monnaies gauloises ont circulé encore localement quelques décennies, tolérées
par le pouvoir officiel romain qui n’avait pas la possibilité d’alimenter
toute la Gaule en petites monnaies divisionnaires
1 - Les monnaies des Bituriges |
D’autres variétés du monnayage des Bituriges,
frappées à la même époque et trouvées à La Rousselière, sont décrites par
Louis De La Saussaye :
5 - A/ Tête imberbe, casquée, tournée à droite.
R/ Cheval en course, allant à droite. Au-dessus, un cercle et
un point au centre.
Poids : 1,86 g. env. (1 ex. à La Rousselière).
6 - A/ Tête imberbe, laurée, tournée à gauche.
R/ Cavalier en course, allant à droite. Au-dessous, un
quadrupède mal déterminé.
Poids : 1,86 g. env. (1 ex. à La Rousselière).
7 - A/ Tête imberbe, à gauche.
R/ Cheval libre, à gauche ; au-dessus et au-dessous, l’emblême
du cercle.
Poids : 1,91 g. env. (1 ex. à La Rousselière).
8 - A/ Tête casquée à gauche , le col est orné d’un collier de
perles. Grènetis.(1)
R/ Même type et même symbole que la monnaie décrite ci-dessus.
De plus, la lettre T dans le champ.
Poids : 1,86 g. env. (1 ex. à La Rousselière)
9 - A/ Même type, moins barbare que le denier n° 2
R/ au-dessus du cheval, la lettre A (peut-être l’initiale du
chef-lieu de la cité des Bituriges, Avaricum). Au-dessous, le symbole du
cercle.
Poids : 1,91 g. env. (1 ex. à La Rousselière)
10 - A/ Même tête que la description ci-dessus, plus barbare.
R/. Même type. Au-dessus du cheval, un monogramme; au-dessous,
une légende fruste, terminée par les lettres VR (peut-être la fin du mot BITVR
pour Bituriges ?).
Poids : 1,91 g. env. (1 ex. à La Rousselière).
11 - A/ Même tête.
R/. Même type. Sur le cheval, un rameau garni de baies.
Au-dessous, le symbole du cercle. Poids : 1,88 g. env. (1 ex. à La
Rousselière).
(1) Grénetis : Cercle de points sur le pourtour d’une monnaie.
Le cheval était l’animal le plus fréquemment représenté sur
les monnaies gauloises, puis le sanglier.
La Grenouille - La Grenouille n°31 - Avril 2016
2 - Les monnaies des Séquanes |
3 - Les monnaies des Eduens |
Les gaulois utilisaient peu l’écriture : c’est par la tradition
orale qu’ils transmettaient leur histoire et leurs traditions, par
l’intermédiaire des druides. Ils frappèrent leurs premières monnaies à
l’imitation du monnayage grec apporté par les fondateurs de Massalia
(Marseille). Ils se sont rapidement éloignés du style classique pour donner
libre cours à leur imagination artistique jusqu’à fortement styliser des
représentations symboliques qui se passaient d’écriture.
Les Gaulois avaient un sens artistique très développé et
travaillaient les métaux avec beaucoup d’habileté. L’influence des monnaies
romaines se fera sentir progressivement avec l’apparition de légendes : le nom
du peuple ou, le plus souvent, le nom du chef y apparaissait.
Les tribus les plus riches frappaient des monnaies d’or ou d’argent, d’autres seulement des monnaies de bronze ou produisaient des monnaies coulées (les potins) de petite valeur.
Les tribus les plus riches frappaient des monnaies d’or ou d’argent, d’autres seulement des monnaies de bronze ou produisaient des monnaies coulées (les potins) de petite valeur.
Les 3 monnaies consulaires (République romaine) trouvées à La Rousselière |
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