Louis XVI se réveille à Versailles avec la certitude que plus rien ne sera comme avant. Ses angoisses sont confirmées lorsqu’il apprend que 600 maçons sont en train de démolir la Bastille.
Tout le monde peut constater, de la population aux parlementaires, qu’il n’y a plus de roi, plus de parlement, plus de police et même plus d’armée et Louis XVI de conclure : “Tout le monde sait commander mais personne ne sait obéir.”
Commence donc la période des agitateurs et des
réfugiés qui fuient les villes comme Tours et Vendôme. C’est aussi le début des
privations et du pain noir. À cette époque déjà, Cour-Cheverny est un gros
bourg de 1 500 habitants. La population double à l’automne à l’époque des
vendanges. De nombreuses maisons de vignes appelées “closeries” appartiennent
à des bourgeois blésois qui y logent leurs métayers.
Nous trouvons à Cour- Cheverny
: 6 tonneliers, 3 chirurgiens, 3 bouchers, 4 boulangers et un couvent de soeurs
de la Charité de Montoire, logées dans un bâtiment du Comte de Cheverny à
l’entrée de Cour. Les deux curés de Cour-Cheverny et de Cheverny, hommes
vertueux, furent nommés maires de leurs villages pour leur influence sur les
populations à conserver le calme et la sérénité. Néanmoins, Cour-Cheverny et
Cheverny formèrent une légion de Garde nationale de 700 hommes, soient 7
compagnies. Le Comte Dufort fût nommé commandant de cette troupe qui s’exerçait
tous les dimanches aux pratiques militaires avec l’appui d’anciens cuirassés à
la retraite.
Le Comte Dufort avait aussi ressenti le besoin urgent d’organiser
dans son orangerie des repas civiques pour la population des deux villages, ce
qui fût très apprécié par l’ensemble de la population mais pas des
révolutionnaires. En effet, ce genre d’initiative ne plaisait guère aux
agitateurs dont le but était de troubler l’ordre, de donner des alarmes et de
piller si nécessaire. Une des victimes de ces comportements fût un boucher
richissime de Cour-Cheverny, monsieur Limousin, qui vît sa maison pillée par
un groupe ayant à sa tête un couvreur de Cour. Ils lui prirent son argent et
ses biens en se justifiant auprès de la population au prétexte qu’il cachait du
blé dans sa boucherie. Le Comte Dufort, avec l’aide des deux maires et une
partie de la population, arrêtèrent le couvreur connu pour de nombreux méfaits.
Ils le firent fouetter et jeter en prison.
Des actes similaires eurent lieu au
manoir de Clénord, ainsi que dans deux grosses fermes de Cour-Cheverny.
Dans ce
contexte, le Comte Dufort réussit à rétablir tant bien que mal un peu de calme
dans les deux villages malgré la pression exercée sur lui par les agitateurs du
club de Blois conduits par le Marquis de Romé, dévoué à la cause des insurgés.
Il crût donc bon, avec ses amis, pour contrecarrer les agitateurs exaltés des
deux villages d’établir un club à Cour-Cheverny. Il partit donc à Paris,
accompagné de son ami Beauharnais, pour observer l’ambiance et le
fonctionnement des ces clubs et s’inscrit au club des Jacobins, sans vraiment
de convictions, mais pour faire taire ses détracteurs et se rapprocher de Mirabeau
qui en était le chef.
A suivre ...
Sources :
- “Les Chanceliers
de Cheverny”, par le comte Henri de Vibraye, éditions Émile Hazan
- “Mémoires du
Comte Dufort de Cheverny : La Révolution”, éditions Plon, 1909
- “La terre de
Cheverny”, par Paul de Vibraye, éditions Lecesne, Blois 1866
- “Le Loir-et-Cher
de la préhistoire à nos jours”, par Croubois, Denis, Loisel, Sauvage,
Vassort, éditions Bordessoules, 1985
Le Colvert - La Grenouille n°4 - Juillet 2009
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