Balade pour une armure

L’armure du comte de Chambord enfant va être prêtée par Cheverny au château de Chambord à l’occasion de l’exposition « Les Lys et la République, Henri, comte de Chambord » du 15 juin au 22 septembre 2013. 
Une occasion de mieux connaître celui qui aurait pu, dans d’autres circonstances, devenir roi de France.
Me trouvant un jour dans la salle d’armes du château de Cheverny (vous le savez, j’aime bien me faufiler parfois parmi les visiteurs !), je remarquai la petite armure d’enfant avec son casque assorti et je me demandai alors si on en fabriquait aussi pour les grenouilles ? Ce serait pratique pour me protéger des prédateurs. Rêvant donc d’en avoir une, je chargeai le Héron de se renseigner, ce qu’il fit de bonne grâce. 
Armure donnée au
marquis de Vibraye
par le roi Charles X
Tout d’abord, me dit-il, cette armure était destiné au jeune Henri d’Artois, duc de Bordeaux, alors âgé de 4 ans, futur comte de Chambord et petit fils du roi Charles X. Cette armure fut donnée par le roi Charles X à Anne-Victor- Denis Hurault qui était officier de cavalerie, colonel et aide de camp de Monsieur (devenu Charles X). 
Le marquis de Vibraye fut nommé pair de France le 17 août 1815. Siégeant dans la majorité ultraroyaliste, il fut promu maréchal de camp le 1er octobre 1823, et quitta la Chambre haute à la révolution de juillet 1830 pour ne pas prêter serment au nouveau régime. En 1825, il avait racheté le château de Cheverny. Les deux familles étaient donc très liées, Philippe Hurault n’avait-il pas été le chancelier d’Henri IV ? Tu ne sais certainement pas, mon amie la Grenouille, que le destin du comte de Chambord aurait pu être très différent lorsque son grand-père Charles X a abdiqué le 2 août 1830 en sa faveur... Mais celui qui pouvait devenir Henri V ne fut potentiellement roi que sept jours, puisque le 7 août, la chambre des députés puis la chambre des pairs appellent au trône le duc d’Orléans, qui prête serment le 9 août, sous le nom de Louis-Philippe Ier …
Mais revenons à l’armure du jeune comte de Chambord : il s’agit bien sûr d’une armure d’apparat (plastron et casque) en vogue depuis la Renaissance, époque à laquelle l’utilité de l’armure comme équipement défensif disparaît avec l’apparition des armes à feu. Toutefois le plastron des cuirassiers et le casque (version la plus allégée de l’armure) subsista encore jusqu’à la fin du 19e siècle. Aujourd’hui, le gilet pare-balles est la version moderne du plastron. 
Ces armures d’apparat étaient commandées par les rois et princes et servaient grandement leur prestige, prouvant leur richesse et leur puissance ; elles étaient le plus souvent fabriquées à Milan, capitale de l’armurerie européenne, puis confiées aux orfèvres et autre artisans comme les doreurs et les émailleurs. Ce travail collectif pouvait nécessiter près d’une année pour réaliser une armure complète. 

« Pour revenir à ton rêve, Grenouille, je me suis laissé dire que les seuls animaux qui étaient équipés d’armures étaient autrefois les chevaux de combats ainsi que des chiens (dans l’antiquité). Toutefois, de nos jours des armuriers fabriquent des armures pour différents autres animaux dont des chiens, mais pour les grenouilles je n’en connais pas d’exemple ». 

Le Héron - La Grenouille n° 19 - Avril 2013

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