Une occasion de mieux connaître
celui qui aurait pu, dans d’autres circonstances, devenir roi de France.
Me
trouvant un jour dans la salle d’armes du château de Cheverny (vous le savez, j’aime
bien me faufiler parfois parmi les visiteurs !), je remarquai la petite armure
d’enfant avec son casque assorti et je me demandai alors si on en fabriquait
aussi pour les grenouilles ? Ce serait pratique pour me protéger des
prédateurs. Rêvant donc d’en avoir une, je chargeai le Héron de se renseigner,
ce qu’il fit de bonne grâce.
Armure donnée au marquis de Vibraye par le roi Charles X |
Le marquis de Vibraye fut nommé
pair de France le 17 août 1815. Siégeant dans la majorité ultraroyaliste, il
fut promu maréchal de camp le 1er octobre 1823, et quitta la Chambre haute à la
révolution de juillet 1830 pour ne pas prêter serment au nouveau régime. En 1825,
il avait racheté le château de Cheverny. Les deux familles étaient donc très
liées, Philippe Hurault n’avait-il pas été le chancelier d’Henri IV ? Tu ne
sais certainement pas, mon amie la Grenouille, que le destin du comte de Chambord
aurait pu être très différent lorsque son grand-père Charles X a abdiqué le 2
août 1830 en sa faveur... Mais celui qui pouvait devenir Henri V ne fut
potentiellement roi que sept jours, puisque le 7 août, la chambre des députés
puis la chambre des pairs appellent au trône le duc d’Orléans, qui prête
serment le 9 août, sous le nom de Louis-Philippe Ier …
Mais revenons à l’armure
du jeune comte de Chambord : il s’agit bien sûr d’une armure d’apparat (plastron
et casque) en vogue depuis la Renaissance, époque à laquelle l’utilité de l’armure
comme équipement défensif disparaît avec l’apparition des armes à feu.
Toutefois le plastron des cuirassiers et le casque (version la plus allégée de
l’armure) subsista encore jusqu’à la fin du 19e siècle. Aujourd’hui, le gilet pare-balles
est la version moderne du plastron.
Ces armures d’apparat étaient commandées par
les rois et princes et servaient grandement leur prestige, prouvant leur
richesse et leur puissance ; elles étaient le plus souvent fabriquées à Milan,
capitale de l’armurerie européenne, puis confiées aux orfèvres et autre
artisans comme les doreurs et les émailleurs. Ce travail collectif pouvait
nécessiter près d’une année pour réaliser une armure complète.
« Pour revenir à
ton rêve, Grenouille, je me suis laissé dire que les seuls animaux qui étaient équipés
d’armures étaient autrefois les chevaux de combats ainsi que des chiens (dans l’antiquité).
Toutefois, de nos jours des armuriers fabriquent des armures pour différents autres
animaux dont des chiens, mais pour les grenouilles je n’en connais pas d’exemple
».
Le Héron - La Grenouille n° 19 - Avril 2013
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