Les familles Hermelin et Merlin à Cheverny

Véronique Hermelin et sa soeur Corinne nous guident tout au long de l’histoire de leur famille à partir de 1631. Au XVIIe siècle, les Hermelin étaient plutôt établis sur les communes de Choussy, Tenay et Fou­gères-sur-Bièvre.

Les familles Hermelin et Merlin à Cheverny
Henri (1723-1782), le premier des Hermelin de cette branche qui s’établit à Cour-Cheverny, se marie avec Anne Jallet, une jeune femme de Cheverny. Le petit-fils d’Henri, Pierre Barthé­lémy Hermelin (1781-1840), est le premier à habiter « La Levraudière » pour y exercer le métier de vigneron.
La famille Hermelin ne quittera plus La Levrau­dière et ses environs. En examinant l’arbre généalogique, nous constatons que, jusqu’au milieu du XIXe siècle, ces familles comptaient chacune entre cinq et neuf enfants qui avaient une espérance de vie située entre 45 et 60 ans. Une partie des descendants habitèrent aussi Les Saules (actuel camping), à côté de La Levraudière.

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La saga des « 3 R »
Raymond, René et Romain sont nés respecti­vement en 1888, 1891, 1896. Pour autant, le prénom de naissance de celui qui se fait ap­peler Raymond était Athanase et Adolphe est devenu René... postérieurement, par choix.
Une des filles de Raymond, Yvette, était la mère de Michel Dronne, à l’Ébat. La deuxième fille de Raymond, Raymonde (mariée Blan­chard), a tenu la supérette de Cormeray toute sa vie active.
Renée, la fille de René (mariée Merlin), eut un fils, Michel, qui lui-même eut un fils, Didier, qui habite encore aujourd’hui « Les Saules », en bordure du camping actuel.
Le troisième « R », Romain, eut quatre gar­çons et une fille. Son 3enfant, Marcel, est le père de Simon, le mari de Marie-Claude, fleu­riste à Cour-Cheverny.
La particularité de cette branche, depuis Romain, est que la plupart des hommes ont épousé la car­rière de pompier professionnel. Jean-René, un des derniers, fut colonel au SDIS (Service dépar­temental d’incendie et de secours) de Blois.

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La branche des Merlin
Elle commence avec Claude, né en 1920 et fils unique d’une famille aisée. Il habitait An­net-sur-Marne (77). Pendant la guerre, pour échapper aux Allemands, il se cache au lieu­dit Marçon (vers 1940), en lisière de la forêt de Cheverny et du chemin des Boeufs. Il ren­contre alors Renée, fille de René (le 2« R»), à la boulangerie de Cheverny. Leur mariage leur donnera trois enfants : Jean-Claude (1942), Michel (1943) et Annick (1946).
Claude est un très bel homme et cavalier de haut niveau. Grand amateur de chevaux, il était très apprécié de tous pour sa gentillesse. Après avoir exploité un commerce de bois et charbons à Romorantin, il reprend l’exploi­tation agricole des Saules qui appartient à son beau-père et crée un centre équestre en 1965 où il s’adonne à sa passion du cheval et de l’équitation pour le plus grand plaisir des enfants de nos villages. Il était pédagogue et patient avec ses élèves.

Romain, le pompier
Durant l’exode de la dernière guerre, Romain s’illustra, avec l’aide de sa fille Geneviève, en venant en aide à ceux qui fuyaient. Ils fournirent beaucoup de vêtements et de nourriture à ces personnes qui cherchaient à franchir le Cher pour atteindre la zone libre. Ils leur prêtaient des vélos qu’ils récupéraient ensuite à Noyers-sur- Cher, chez un ami. Ils remontaient ces vélos à Cheverny... pour les prêter à nouveau...

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Le premier camping des Saules
Michel Merlin arrive à Cheverny en 1979 (à l’âge de 36 ans) avec sa femme Évelyne et leur fils Didier qui a alors 14 ans. Il a pour pro­jet d’ouvrir un camping aux Saules, propriété de ses parents, qu’il doit racheter dans un contexte compliqué...
En 1981, après deux ans de travail acharné pour mettre aux normes un tel établissement, toute la famille est « sur le pont », y compris les dimanches et fêtes pour satisfaire les clients. Le camping compte 45 places. Didier com­mencera en même temps un apprentissage de cuisinier chez Gilles Martinet, à l’Auberge du Centre (Chitenay).

Les familles Hermelin et Merlin à Cheverny
En basse saison, Michel rénove la maison déla­brée de ses parents, pour mettre sa famille à l’abri.
En 1985, Michel et Évelyne développent un restaurant où la spécialité de côte de boeuf grillée est reine... C’est rapidement un rendez-vous apprécié des habitants des villages alen­tour et des touristes. Les cars sont nombreux à s’y arrêter en juillet-août grâce, notamment, à Évelyne. Bilingue, elle s’occupe avec succès de la promotion du site chez les « tours opera­tors » de l’époque.
Le camping ira jusqu’à accueillir 600 per­sonnes. Pour accueillir autant de clients, Michel et sa famille son obligés de se mettre en conformité avec beaucoup de normes et de construire une piscine afin de conserver leurs clients. Il vend une petite maison dans la Creuse pour financer ces investissements.
Les familles Hermelin et Merlin à Cheverny
Malgré tous ces efforts, la rentabilité est très limitée de juin à septembre. L’hiver, Michel et Évelyne partent se reposer en Andalousie, dans un environnement précaire.
L’histoire s’arrêtera au début des années 2000.
Ce projet titanesque avait vu le jour grâce aux seules volontés et au courage de Michel et Évelyne, avec peu de moyens. Après avoir construit et rénové l’ensemble des bâtiments et avoir aménagé l’environnement, la fatigue et la maladie eurent raison de cette aventure.

Didier Merlin se souvient
À 17 ans, cuisinier à l’Auberge du Centre de Chitenay, il aide ses parents au grill pendant ses jours de congés. L’hiver, il exerce sa profession à la montagne, pour la saison. Puis, pendant deux ans, il s’expatrie en Écosse et à Londres.
Il rencontre Anita, une belle jeune fille néerlan­daise qui lui donne un fils, Loïc, en 1997.
Il suit l’exemple de ses parents en travaillant d’arrache-pied pour créer des chambres d’hôtes, quatre gîtes et restauration, à proximi­té du camping actuel qui a été vendu à un nou­vel exploitant après le départ de ses parents. Cette proximité est pour lui le souvenir de son adolescence et des temps heureux.
Certains pensent qu’aujourd’hui encore le camping est géré par la famille Merlin. En fait, Didier Merlin gère une activité de chambres d’hôtes (« La Ferme des Saules ») et le cam­ping des Saules est la propriété de Laurent Cherrier depuis plus de 20 ans.
Il reste le souvenir de trois générations de Merlin : Claude, Michel et Didier, travailleurs acharnés et bâtisseurs ; témoins qu’avec peu de moyens, du courage et de l’opiniâtreté, on peut accomplir de belles choses...

P. D.

Axel Fontaine témoigne

À partir de mes 15 ans, mes vacances à Cheverny étaient indisso­ciables de ma présence au centre équestre des Saules.
Les familles Hermelin et Merlin à Cheverny
Les vacances scolaires ne me permettaient plus de continuer à monter à cheval dans le petit club de Neuilly près du domicile parisien de mes parents. Fortuitement, j’appris que monsieur Claude Merlin, qui était le propriétaire des Saules avec sa femme, venait d’ouvrir un centre équestre plutôt axé sur la promenade. Le passionné d’équitation que j’étais à l’époque fit que je fus le premier client de monsieur Merlin.
Malgré notre différence d’âge, une amitié indéfectible s’est établie entre nous et il m’arrivait même, lorsque ma mobylette était en panne, de me rendre au centre équestre à pied à partir de La Lustière, notre maison de famille à Cheverny (située rue des Juifs, devenue rue de l’Argonne).
Claude Merlin avait une grande confiance en moi, à tel point qu’il me laissait accompagner les randonnées dans la forêt de Cheverny, que j’ai fini par connaître par coeur. Se sentir responsable à 15 ans vaut de l’or.
Les familles Hermelin et Merlin à Cheverny
Catherine Fontaine, soeur d'Axel (premier plan)
et une amie
Comme je passais mes journées aux Saules, j’ai souvent aidé M. Merlin à construire des box pour les chevaux, des clôtures ou participé à la couverture des écuries... Derrière ce bâtiment à gauche vivait son beau-père. Je me souviens encore du nom des chevaux : la jument personnelle de Claude Merlin s’appelait Bella. Il y avait aussi Gavroche, Gitane, Bianca... et l’âne Spirou.
La seconde photo montre la carrière (1) aménagée à l’emplacement du parking actuel. C’est dans cette carrière que Claude Merlin m’avait confié le débourrage (2) d’un jeune étalon. J’étais fier de cette confiance.
Je téléphonais parfois à M. Merlin qui me dit, à la fin de sa vie malgré ses presque 100 ans, « je pense tous les jours à toi » ; car je lui avais offert une étrivière (3) qui lui servait de ceinture.
Ces souvenirs d’adolescence ont marqué ma vie et Claude Merlin a toujours été une référence pour moi.

(1) Carrière : nom du manège extérieur non couvert.
(2) Débourrage : prémisses du dressage.
(3) Étrivière : courroie en cuir fixée sur la selle et qui tient les étriers. 

La Grenouille n°59 - Avril 2023

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