La famille Leclerc-Pointard au Pavillon Vert

Pierre Leclerc est né en 1913 à Châteaudun. Il épouse Bérangère Pointard (1921-1990) en 1940. Tous deux issus de familles rurales modestes, ils s’installent à Châteaudun. Pierre Leclerc exerce la profession de comptable à la Banque de France (1934), puis à Gaz de France de 1937 à 1945. Il fait son service militaire en Algérie dans les années 30. 

La famille Leclerc-Pointard au Pavillon Vert
Un drame qui va avoir de lourdes conséquences pour la famille 
La mère de Bérangère tenait, avec son mari, café/pension de famille du Pavillon Vert (1), à Cour-Cheverny. En 1942, elle se fait écraser par un grumier (2) au pont de Blois, près de la guérite de l’agent de ville. Elle allait régulièrement porter, à vélo, des provisions à ses enfants jusqu’à Châteaudun, à 70 kilomètres !  Pendant la guerre, on souffrait de la faim, en particulier dans les villes.
Ce malheur contraignit Pierre Leclerc et Bérangère, en 1953, à reprendre l’exploitation de la pension de famille de Cour-Cheverny, située non loin du château de La Sistière. Le Pavillon Vert avait été acheté par le grand-père, Louis Pointard et sa femme Eugénie en 1930. Louis avait été gazé en 1914 et sa santé se dégradait progressivement. Le père de Bérangère était garde-chasse aux Ogonnières et exploitait quelques hectares de terres autour du Pavillon Vert.
Pierre vécut tout d’abord en louant ses services de journalier dans les fermes alentour ou en effectuant des travaux de maçonnerie à l’entreprise Guignebert... avant de se stabiliser en exerçant son métier de comptable à l’usine Épéda de Mer.
L’usine Épéda fabriquait des matelas. C’était un employeur important pour toute la région.  Chaque matin, un car stationné au garage Duceau, à Cour-Cheverny, conduisait des dizaines d’ouvriers à l’usine de Mer. Son chauffeur, Robert Morin, les ramenait le soir.  Certains se souviendront peut-être du grand cèdre, au coin du Pavillon Vert, qui abrita longtemps le bus Isobloc d’Épéda, quand Pierre en devint le chauffeur en 1958.

La naissance de deux enfants
Jacques, dit Jacky, naît le 20 mai 1941.  Joueur de foot à l’ESCCC (maillot n° 9 comme Platini), il quitte la maison familiale à 11 ans pour le collège Augustin Thierry de Blois puis l’école Pigier où il décroche son CAP de comptable. Il débute sa vie professionnelle à la Trésorerie générale, puis à l’Électrification rurale pour terminer sa carrière à EDF où il reste 37 ans.
Sa soeur Françoise, née le 28 janvier 1946, intègre l’entreprise Épéda, comme son père, où elle exerce le métier de couturière pendant 30 ans.
Toute la famille habite sur les deux hectares qui entourent le Pavillon Vert, que Pierre a cultivé longtemps en asperges et légumes de toutes sortes, avec même une parcelle de vigne.
Aujourd’hui, le Pavillon Vert n’est plus une pension de famille. Il est habité par les enfants et les petits-enfants de Jacky. Jacky et Françoise résident, avec leurs conjoints, dans deux pavillons qui bordent la route de Bracieux. 

La famille Leclerc-Pointard au Pavillon Vert
Le foot comme ADN 
On ne peut évoquer la famille Leclerc sans parler du foot et de l’ESCCC. Trois générations : Pierre, Jacky et Hervé (M. Gendre) furent pendant des décennies trésoriers, secrétaires et présidents de la section foot de Cour-Cheverny. Évelyne, l’épouse de Jacky, souligne que son mari a eu beaucoup de chance de trouver une épouse qui aime le foot... Tous les dimanches, les familles Leclerc passaient l’après-midi autour des terrains et dans les vestiaires pour la troisième mi-temps... et souvent à faire la vaisselle les jours de matchs ou de tournois (en particulier le fameux tournoi de sixte à l’Ascension).
Pendant de nombreuses années, cette bande de copains, autour de Jacky, fut l’épine dorsale de cette fraternité du foot à Cour-Cheverny :  Claude Jean, les familles Hubert, Poitou, Girardeau, Daveau, Bertrand et l’infatigable Bébert Marquis.

La famille Leclerc-Pointard au Pavillon Vert
La famille Leclerc-Pointard au Pavillon Vert
L’entente sportive entre Cheverny et Cour- Cheverny
Dans les années 30, Pierre se rendait sur le premier terrain de football route du Bûcher à Cheverny, derrière la ferme de la Bouletière, prêté par le marquis de Vibraye.
En 1945, un accord est trouvé entre les municipalités de Cheverny et Cour-Cheverny avec le marquis de Vibraye pour construire un stade digne de ce nom dans un vaste espace situé entre la route de Contres et le lavoir, proche de la grille d’honneur du château de Cheverny (3). Le stade comprenait un terrain de football, une piste d’athlétisme, un terrain de basket et des terrains omnisports. Une enceinte en planches clôturait le site. Une tribune couverte de 40 mètres fut construite, ainsi que deux vestiaires séparés, des toilettes et des douches...
Le stade, construit par les entreprises chevernoises Deterne et Roy a été inauguré en août 1945.
Pour les déplacements, c’est l’épicier de Cheverny, M. Veyrac, qui emmenait l’équipe de foot dans son camion. Il fallait d’abord le débarrasser de ses marchandises et les remettre en place avant le marché de Montrichard que M. Veyrac assurait chaque lundi. Si le camion n’était pas disponible, les déplacements de l’équipe s’effectuaient en vélo. M. Veyrac fournissait toujours des citrons pour la mi-temps...

Vingt ans après
Par manque d’entretien et d’attentions, le stade de Cheverny se détériora au point de tomber en ruine. Sa situation proche du château dévalorisait l’image du site. L’ensemble des infrastructures fut rasé en 1965-66.
Par voie de conséquence, Cour-Cheverny construisit son stade, inauguré en 1968, à son emplacement actuel.

P. D.

(1) Voir aussi le livre « Les grandes heures de Cheverny et Cour-Cheverny en Loir-et-Cher… et nos petites histoires » - Éditions Oxygène Cheverny 2018 - page 194 :  Le café du Pavillon Vert. 
(2) Grumier : camion servant au transport du bois. 
(3) « Les grandes heures de Cheverny et Cour-Cheverny en Loir-et-Cher… et nos petites histoires » - Éditions Oxygène Cheverny 2018 - p.199 : L’Étoile Sportive. 

La Grenouille n°54 - Janvier 2022

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de nous donner votre avis sur cet article, de nous transmettre un complément d'information ou de nous suggérer une correction à y apporter