Les vignes de Cour-Cheverny - chanson

La Grenouille a récemment découvert une chanson intitulée « Les vignes de Cour- Cheverny », qu’elle a aujourd’hui le plaisir de faire connaître à ses lecteurs. Son auteur, Bruno Romary, y évoque avec un brin de nostalgie les jours heureux passés à Cour-Cheverny dans son enfance, au début des années 70. Très discret, il n’en a jamais fait la promotion, ni localement, ni ailleurs... Nous sommes donc allés à sa rencontre pour en savoir plus à propos de cette chanson écrite l’année dernière, qui évoque des lieux et des personnes que beaucoup de nos lecteurs ont connus.  

Les vignes de Cour-Cheverny - Bruno Romary
Andrée Cazin, avec à sa droite son mari Clovis
Bruno Romary : « J’évoque dans cette chanson de très bons souvenirs de mes séjours à Cour-Cheverny dans mon enfance. Mes grands-parents paternels (Lucienne et Fernand) habitaient Courbevoie et deux soeurs de ma grand-mère résidaient dans le Loir-et-Cher : Denise (mariée à Robert Hermelin) à Cormeray et Madeleine à Cour- Cheverny. Ma grand-mère donnait souvent mon père à garder à Denise lorsqu’il était petit, puis à une amie de Denise, Andrée Cazin, surnommée « la Tante Andrée » bien que ne faisant pas partie de la famille, et qui habitait aussi à Cour-Cheverny… À leur retraite, mes grands-parents se sont installés à Cour-Cheverny, au 7 de la rue Pascal Fortuny. En fait, mon père ne s’entendait pas avec ma grand-mère, et lorsqu’il s’est marié, il a continué à venir en vacances chez Denise, puis chez Andrée, car la place manquait chez Denise, qui gardait des enfants de l’Assistance publique. Et puis Andrée a dû vendre sa maison en viager à un couple de parisiens, des gens merveilleux, les Lagneau. Le couple travaillait à l’hôpital Beaujon à Paris, lui au service radiologie, elle comme surveillante. Au début, les Lagneau venaient en vacances et habitaient dans la partie droite de la vieille maison, puis ils ont fait construire un pavillon à l’emplacement du champ d’asperges, qu’ils ont habité à leur retraite ».

Ça se passait aux Sablons 
Les vignes de Cour-Cheverny - Bruno Romary
La quartier des Sablons
Le lieu évoqué dans la chanson est situé dans l’impasse de la voie des Chercherelles ; nous en reproduisons ci-contre les paroles et vous pourrez l’écouter en utilisant le lien internet ou le QR code indiqués en fin d’article (1). Quelques souvenirs d’enfance…, des tranches de vie sans importance, mais qui restent gravées dans nos esprits…

B. R. : « Un jour, mes parents sont arrivés chez Andrée, et là, surprise : ma mère connaissait les Lagneau car elle avait travaillé avec eux. Quel hasard ! À l’été 1972 (j’avais alors 11 ans), ma mère a dû être hospitalisée et mes parents nous ont laissés, mon frère et moi, chez Andrée. Quel été !... Je ne l’ai jamais oublié, et mes souvenirs sont essentiellement liés à cet été 72, où j’étais en vacances aux Sablons, avec des détails très précis dans ma mémoire : aller en ville... l’aventure (nous coupions par le chemin de Choubard, pour éviter de faire le grand tour), chercher le journal l’Équipe chez le marchand de journaux qui faisait le coin [magasin Harmonie aujourd’hui], monter et descendre la grande rue, passer devant les pompiers, la mairie, le réparateur de vélos, ou ce jour où, avec mon frère, nous avions crevé le tuyau d’arrosage de M. Lagneau avec une fourche : il nous avait sermonnés, mais gentiment, je revois encore la scène. Nous suivions également le Tour de France aux informations du soir (car l’après-midi, pas de télé, nous devions jouer dehors…). Et il y avait les deux puits qui me fascinaient, et aussi, à droite de la maison, le cellier et une grande échelle qui menait à un grenier. Une fois en montant, j’y ai même vu Belphégor : cela m’a traumatisé, je n’y suis plus jamais remonté ensuite. C’était une blague faite par Yannick, un gars plus vieux que moi, qui s’était déguisé probablement..., ou bien j’ai réellement vu Belphégor... Et puis les deux chiens que j’adorais : Piou, genre Golden Retriever et Boule, noir et blanc... ; je préférais Boule, il était vieux et plus cool… Ma mère se souvient avec tendresse de la « tante Andrée » qui était une femme formidable. Elle m’a également évoqué l’époque où, alors enceinte de moi, M. Choubard [Ulysse], un homme d’une grande gentillesse et voisin d’Andrée, lui offrait des fraises ».

Comme il est dit dans la chanson
B. R. : « J’aurais rêvé de racheter la maison et le terrain, tout remettre comme à l’origine, avec les longues rangées d’asperges à la place du pavillon des Lagneau... Si je gagne au Loto peut-être... La dernière fois que je suis venu en pèlerinage, c’était en 2006 : un allerretour dans la journée, avec un pique-nique dans les champs aux alentours des Sablons en fin de journée… ». 

Propos recueillis par P. L.

Les vignes de Cour-Cheverny - Bruno Romary
Bruno Romary
Bruno Romary est musicien professionnel et auteur compositeur interprète ; il est aussi professeur de guitare et de clavier/synthétiseur. Il a composé plus de 2 500 chansons, très souvent inspirées de souvenirs personnels, dont la mélancolie ne manque pas de nous renvoyer à notre propre passé. La plupart de ses compositions sont des oeuvres très personnelles, mais il a aussi composé pour de nombreux interprètes. Internet pourra vous fournir des informations plus complètes sur l’artiste et notamment sur une page d’un site consacré à Jean-Louis Murat (3). Sur son site (4), Bruno Romary nous indique l’épitaphe qu’il a déjà choisie : « Aurait aimé faire de la musique… n’aura fait que des chansons ».
Nous ajouterons : « ...et nous en a fait profiter ».


     Si seulement j’avais les moyens
     Je rachèterais la bâtisse
     Avec un p’tit peu d’entretien
     Elle reprendrait vite du service
     Des poules un coq et puis deux chiens
     Sous un toit couleur écrevisse
     Quitter ma vie de Parisien
     Pour aux Sablons faire mon office
Refrain :
     Je revois la grille et l’entrée
     C’est pas des choses que l’on oublie
     La maison de la tante Andrée
     Les vignes de Cour-Cheverny
     Le grand champ d’asperges dorées
     Et le hangar les jours de pluie
     L’odeur du bois qu’on a coupé

     Les vignes de Cour-Cheverny
     Et certains soirs je me souviens
     Du puits des prunes et du cassis
     La beauté de ces temps anciens
     Monsieur Lagneau toujours complice
     Je revois la grille et l’entrée…
     Le grand champ d’asperges dorées…

     Éternel sera mon regret
     De n’avoir jamais pu
     Faire de cet endroit mon palais
     Un refuge pour vivre en reclus
     Je revois la grille et l’entrée…
     Le grand champ d’asperges dorées…

Paroles & musique : Bruno Romary
(2263/2018) CD 198 : Chien sans collier (2018).


Les vignes de Cour-Cheverny - Bruno Romary
Hommage rendu à une habitante du quartier (2)
(2) Bruno Romary nous a confié cette photo prise en 2006. Le panneau ayant aujourd’hui disparu, La Grenouille s’est imaginée que l’impasse (privée) avait été depuis débaptisée… Il n’en est rien… : en fait, ce panneau avait été confectionné vers 1996 par les habitants du quartier en mémoire de Henriette Choubard, voisine décédée l’année précédente et faisant partie d’une famille très présente aux Sablons, pour rendre hommage à cette personne dont tout le monde gardait un excellent souvenir. Cette plaque, qui n’avait rien d’officiel, avait été posée lors de la première fête des voisins du quartier, une des toutes premières à cette époque…


La Grenouille n°45 - Octobre 2019 - PL





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