La « gardoche » de la clinique de La Borde

La garderie de la clinique de La Borde
La Grenouille recueille souvent le témoignage « d’anciens » qui évoquent leurs souvenirs, alimentant ainsi la mémoire de nos communes… Aujourd’hui, ce sont de « jeunes anciens », âgés de 15 à 50 ans qui nous évoquent leur fréquentation de la garderie de La Borde, dans des périodes se situant entre 1970 et 2017, mais aussi des parents, des moniteurs (1), des gardiennes et d’autres membres du personnel qui nous parlent de ce lieu de vie si particulier…

La garderie de la clinique de La BordeLa garderie de la clinique de La BordeCréée en même temps que la clinique dans les années 50 et gérée à ses débuts par les parents, personnels de La Borde, la garderie s’est transformée au début des années 70 sous l’impulsion de Françoise Dolto (2) que Jean Oury avait fait venir dans l’établissement. Celle-ci a conseillé d’installer la garderie dans un lieu séparé de la clinique, ce qui fut fait, et inculqué un mode de fonctionnement nouveau, confié à du personnel qualifié. Et les gardiennes (c’est comme cela qu’on les désigne à La Borde) successives se sont ensuite transmis, et jusqu’à nos jours, les « clés » de la garderie inspirées par Dolto et dont les témoignages recueillis nous donnent un aperçu…
Réservée aux enfants du personnel de la clinique, la garderie a gravé pour longtemps des souvenirs heureux dans les mémoires… On peut même affirmer que la fréquentation de ce lieu a, pour la plupart d’entre eux, à des degrés divers, influencé leur caractère, ou leur vie personnelle, familiale ou sociale. Nous tentons ici de transmettre au lecteur tout le plaisir que nous avons eu à recueillir le témoignage d’une vingtaine de personnes et à partager avec eux des moments de bonheur lointains, mais très présents dans les mémoires…
Pour beaucoup d’entre eux, c’est de l’âge de un an (voire moins…) jusqu’à 14 ou 15 ans qu’ils ont fréquenté la garderie ; pendant le temps de travail des parents lorsqu’ils étaient tout petits, puis le mercredi (et les week-ends de temps à autre) lorsque le moment de l’école fut venu. Toutes sortes de souvenirs remontent à la surface quand on évoque la garderie : des lieux, des bruits, des odeurs, des personnages, et surtout des activités, multiples, variées et riches en sensations inoubliables…

La garderie de la clinique de La BordeUn lieu particulier Souvent cités, les arbres au milieu de la garderie : celle-ci avait en effet été construite autour de deux chênes dont on avait gardé les troncs, trônant au milieu de la pièce principale. « Présents là depuis si longtemps que leur écorce était patinée…, comme vernie ».
Également inoubliable : « Un tout petit espace dans les combles, accessible seulement aux enfants car trop petit pour qu’un adulte puisse s’y tenir aisément, où nous pouvions nous cacher et inventer de nouveaux jeux, voire des jeux interdits… », tout comme la grande baie vitrée donnant sur la mare « où nous pouvions compter les canards et les canetons, les cygnes et même les ragondins » et aussi « le théâtre [une petite estrade], la bibliothèque, le coin lecture, le tourne-disques, la baignoire dans le dortoir, le piano dans la salle de spectacle au château, les jouets multiples dont nous ne disposions pas à la maison », « Des petites tables, des petites chaises, tout était miniature, à l’échelle des enfants ».
Et le La garderie de la clinique de La Borde« Fort Gardoche », « une forteresse construite en bois par nous-mêmes avec l’aide des parents, et le lieu d’innombrables épopées ». Ce fort a hélas aujourd’hui disparu, victime des normes car trop vétuste, au grand dam des enfants pour qui il représentait un véritable sanctuaire, tout comme « l’arbre à enfants » dans la petite cour « un laurier du Caucase, à feuilles persistantes, dans lequel on pouvait se cacher ».

Des lieux multiples, des espaces infinis
« Un espace immense dans lequel nous pouvions librement circuler, avec certaines limites bien sûr... ». La mare, « où nous pratiquions la pêche au pain accroché au bout d’un fil nylon, pour attraper des carpes que nous déposions dans une bassine, avant de les rejeter à l‘eau… Cette mare reste dans ma mémoire comme un étang de 2 hectares, sans doute dix fois plus que sa surface réelle ! ».
La forêt, avec ses ifs, faciles à grimper (mais il était parfois difficile d’en redescendre…) et ses multiples variétés d’arbres, sans doute plantés là par la famille Bégé un siècle plus tôt. « Les sous-bois étaient très clairs, car débarrassés des branchages que nous utilisions pour construire nos cabanes ».
« La piscine installée près de la garderie, le toboggan en fer qui nous brûlait les cuisses, les feuilles regroupées en immenses tas, que nous aimions détasser en y mettant des coups de pieds ou en nous roulant dedans, les tours en vélo, sans aller trop loin… ».
« Nous pouvions à loisir nous disperser dans les espaces naturels en toute liberté, et le bois à 50 mètres nous semblait au bout du monde ».
« Le château, un peu mystérieux, où nous allions de temps en temps, avec le grand salon, les cuisines… ».

La garderie de la clinique de La BordeLe monde animal 
« Nous allions chaque jour au poulailler [c’est ainsi que se dénomme à La Borde la ferme, le quartier des animaux] pour nourrir les animaux, les grands poussant les poussettes des petits : les chevaux [présents à La Borde pour l’équithérapie], les ânes, les cochons, les poules, et aussi les paons très bruyants qui nous impressionnaient en faisant la roue ».

Des rituels incontournables
« Le jus d’orange à 11 heures, accompagné d’un quartier de pomme ».
Le goûter, « dont nous étions prévenus par la sonnerie de la cloche, à 4 heures et demie, et qui constituait un grand moment de nos journées. On nous confiait la responsabilité d’aller chercher le goûter au château… Une vraie mission : nous ramenions le pain et le chocolat dans une carriole, et il nous fallait affronter au retour les oies qui s’intéressaient de près à notre précieuse cargaison, et "foutaient la trouille" à quelques-uns qui revenaient en pleurs… ».
Pour certains, c’est le souvenir « d’un morceau de pain avec quelques carrés de chocolat glissés dedans »La garderie de la clinique de La Borde, pour d’autres celui « du chocolat chaud accompagné d’une tartine de pain beurrée à laquelle nous rajoutions du sel ou du sucre » ou de « la tablette de chocolat noir Poulain fondue sur son papier d’aluminium à même la poêle et qui était ensuite répartie sur du pain... C’était un goûter de fête ! ». Les repas se prenaient en général à la garderie, et parfois au château.
« Et la galette des rois, dans laquelle madame Renault, la boulangère, avait glissé de nombreuses fèves ».

La garderie de la clinique de La BordeDes activités multiples
« Quel plaisir nous avions à bricoler dans une pièce de la serre, et quelle fierté de fabriquer des objets (utiles ou futiles…) et d’en rapporter certains à la maison ! Nous avions carte blanche pour fabriquer tout ce nous voulions avec des bouts de feutrine, de bois, de carton, de plastique, guidés par la gardienne. De quoi développer très jeunes de multiples capacités et un certain goût pour les arts plastiques ».
« Nous participions parfois à des ateliers avec les patients, comme au poulailler, à la poterie ou pour préparer le spectacle théâtral du 15 août ».
« Les ateliers dessins sur de gros blocs de présentation de papier peint ».
« Certaines matinées, nous cuisinions des gâteaux pour le goûter… J’ai encore en tête l’odeur sucrée, la chaleur du four, le bruit des autres enfants qui jouaient autour de nous ».
« La cueillette de bouquets de fleurs, que nous vendions 1 euro aux pensionnaires (tout comme nos dessins) pour pouvoir aller boire un verre de Coca au bar, assises sur les hauts tabourets ».
« Nous allions parfois en cuisine, et le cuisinier nous emmenait dans la cave où était stockée la nourriture : il nous épluchait une carotte que nous mangions toute crue… ».
« Les jeux dans la « dodoche » dans le bois en face de la garderie, un lieu insolite que cette vieille 2 CV toute rouillée, avec des toiles d’araignées, habitée par des insectes, des petites souris…, un monde mystérieux et flippant ».
« À la garderie, on ne cherchait pas à anticiper. La plupart de ces activités n’étaient pas décidées ou programmées, mais le plus souvent improvisées et imaginées entre nous, encadrées discrètement par les gardiennes »La garderie de la clinique de La Borde. Et si décision il y avait, ce sont souvent les enfants qui la prenaient, comme par exemple pour définir le parcours à emprunter pour la sortie au poulailler à 11 h.
Les gardiennes se souviennent aussi de l’aide aux devoirs pour certains.
À noter également que « les grands » avaient souvent un rôle pédagogique (pour les aider, ou pour leur apprendre toutes sortes de choses) auprès « des petits », ce qui a permis à certains de s’intéresser plus tard à l’éducation des enfants…

Des réalisations extraordinaires
Nous n'en retiendrons que quelques-unes : « Une console de jeu et un écran, le tout en carton, pour faire comme si, un igloo en briques de papier journal compressé, un faux bison en carton… ».

La garderie de la clinique de La BordeDes jeux et des distractions de toutes sortes
« La garderie, c’était une quinzaine de gamins qui se voyaient vivre "en bandes", façon "La guerre des boutons" (3), avec les "grands" et les "petits", la construction de cabanes, bien sûr, mais aussi des batailles de marrons, d’où nous revenions pleins de bleus et de bosses ». « Je me souviens aussi des après-midis entiers que nous passions dans la forêt qui fait face à la garderie. Nous construisions des cabanes, nous grimpions aux arbres, nous récoltions des petites baies rouges et nous jouions à cache-cache… ».
« Des promenades en calèche dans la campagne, ou des sorties de plusieurs jours en Sologne dans la roulotte tirée par une jument, guidée par un moniteur de la clinique, un véritable voyage au bout du monde, avec ses pique-niques et ses dortoirs en pleine nature ».
« Des soirées à thème (médiéval, cow-boy, ...) avec création de costumes, de chapeaux ou de casques, et des ateliers très créatifs, qui nous ont appris à nous servir de nos dix doigts, et à construire des scénarios en tout genre nous permettant de nous évader dans d’autres mondes et de développer notre imagination ».
« Des feux de camp, sur lesquels nous faisions griller des shamallows, avec les moniteurs et les parents, dont certains dormaient sur place ».
« Des fêtes, comme celle de fin d’année scolaire au mois de juin ».
« Les séjours à Saint-Jean-de-Monts ».
Et certains ont même profité de quelques séjours organisés en hiver à la montagne, avec la joie d’obtenir son « flocon », premier stade de l’apprentissage du ski.
Comment ne pas évoquer aussi des activités (strictement !) interdites, comme « aller se rouler dans la paille au poulailler, piquer des bonbons dans les tiroirs (en crochetant parfois une serrure avec un trombone…), ou faire des acrobaties sur le trampoline ». Tout comme une mémorable bataille à coups d’orties dont un de nos témoins fut déclaré responsable car « c’est moi qui avais appris aux copains comment les cueillir et les tenir sans se piquer ». Et nous tairons le souvenir de l’essai d’une bouffée de cigarette, puisque l’intéressée n’a jamais recommencé de sa vie !

La garderie de la clinique de La BordeLe sport également
Le séjour à la garderie permettait de s’initier à de nombreux sports, comme le basket, le tennis ou le foot… C’est là aussi que beaucoup d’enfants ont appris à nager : chaque mercredi, la camionnette J7 de la clinique les emmenait à la piscine de Blois, quai Saint Jean, accompagnés par les gardiennes et sous la houlette d’un maître-nageur. « Et lors du voyage retour, souvenir délicieux, nous avions droit à un "Choco BN" ».

La garderie de la clinique de La BordeLes gardiennes
Peut-être pas des « anges gardiennes », mais plutôt des « gardiennes-anges », très attachantes pour tous les enfants qui les ont côtoyées.
Elles sont nombreuses à s’être succédées à ce poste depuis plus de 50 ans !... Les premières n’étaient pas qualifiées en tant que telles ou diplômées, comme l’avait demandé Françoise Dolto, et se sont formées « sur le tas », au contact des enfants (souvent une vingtaine environ) et grâce à leurs capacités personnelles. Elles ont toutes laissé dans les mémoires des souvenirs très touchants, contribuant à rendre ce lieu si attachant, chacune avec ses particularités :
« La maman de tous, douce et moelleuse tout en étant ferme quand il le fallait, ses bras, ses câlins, sa douceur », « elle se faisait respecter, sans jamais élever la voix » pour l’une, et pour d’autres :
« Ses grands yeux bleus, discrète, un guide, une accompagnatrice dans nos activités ».
« Elle sentait bon… À l’aise avec tous les âges, avec tendresse. Dynamique, avec l’esprit de négociation ; elle aidait les parents en difficulté dans l’éducation de leurs enfants ».
« Son énergie et sa bienveillance pour nous encadrer dans les activités tout en nous laissant libres… ».
« On était peinards, avec des gardiennes pas sévères mais qui savaient nous donner des limites, sans contraintes… ».
« Toutes très bienveillantes et gentilles ».
Belle mission pour ces gardiennes, qui pouvaient être amenées à donner le biberon aux plus petits, tout en encadrant des pré-ados de 12 ans ou plus, qui avaient parfois des difficultés à redescendre sur terre, perchés en haut des arbres !

Les pensionnaires de La Borde
Là aussi, les témoignages se complètent :
« Nous étions familiarisés avec le fait de les côtoyer, sans réaliser que nous étions dans un environnement assez particulier… et prestigieux du point de vue de la psychiatrie. Quelques-uns venaient parfois donner un coup de main à la garderie pour certaines tâches ; certains nous paraissaient bizarres, mais sans plus ».
« À l’époque, je ne faisais pas de différence entre "eux" et "nous". Il y avait des pensionnaires impressionnants dans leurs attitudes ou dans leurs cris, mais nous partagions le même terrain de jeu. Nous les côtoyions directement au poulailler, à la poterie, à la cuisine et sur les chemins ou dans les bois. Nous faisions le spectacle du 15 août ensemble ».
« Pas bizarres, pas dangereux, mais d’un autre style ».
« Je me souviens d’une pensionnaire qui passait beaucoup de temps avec nous et pouvait presque être considérée, par nos yeux d’enfants, comme une gardienne. D’autres personnes nous effrayaient un peu, comme un certain monsieur qui s’installait souvent près de la garderie avec une couverture sur laquelle il installait tous ses jouets. Certaines règles étaient en place et nous n’avions pas le droit de nous aventurer vers le château ; je pense que les pensionnaires avaient également des consignes pour ne pas trop venir vers la garderie... ».
« À vrai dire, les patients me faisaient un peu peur... J’essayais toujours de garder de la distance les rares fois où ils se promenaient jusqu’à la garderie (ou que nous allions nous-mêmes dans la clinique) ».
« Parfois impressionnants, mais sans préjugés à notre âge, et leur présence était expliquée par les gardiennes, qui nous indiquaient la façon de nous comporter avec eux ».
« Les pensionnaires nous connaissaient et nombreux sont ceux qui demandent encore de nos nouvelles, 20 ou 30 ans après ».
« Impressionnée parfois, mais la garderie était notre monde protégé ».

Le temps de l’école
Certains (ou leurs parents) se souviennent que l’arrivée en école primaire constituait un cap difficile à franchir : plus le droit de grimper aux arbres, de circuler librement ou de faire ce que l’on veut. Des rapports moins tendres, mais en contrepartie la joie de retrouver la garderie le mercredi ou le week-end. « Les enfants demandaient la garderie, pas l’école ».

Liberté
S’il n’y avait qu’un mot à mettre en commun dans tous les témoignages reçus, ce serait celui-là : liberté… de circuler (entre les nombreux lieux de vie de la clinique), de s’exprimer, de faire, de découvrir et de profiter de la nature, de rencontrer, d’imaginer, d’inventer…

La garderie de la clinique de La BordeLa garderie de la clinique de La BordeUne expérience très riche, qui prend toute sa valeur avec quelques années (ou décennies…) de recul
« Un endroit unique, fabuleux, bienveillant, protecteur ».
« Un autre monde qui ne correspondait pas à ce que vivaient d’autres enfants de notre âge ».
« Où trouver une pareille richesse humaine ? ».
« Un excellent lieu pour découvrir le monde, développer notre imagination, la création, la débrouillardise, le goût de l’aventure, pour apprendre ou développer certaines capacités, pour accepter l’autre, une belle école de la vie ».
« Cette expérience nous a certainement aidés à côtoyer toutes sortes de personnes., L’une des plus belles expériences sociales de ma vie ».
« Je ne serais pas la même personne sans cette enfance passée à la garderie de la clinique de la Borde. Nous étions libres de penser, de faire et de construire. Il me semble que c’est aussi le cadre singulier d’une clinique psychiatrique qui m’a permis d’ouvrir mon esprit aux différences de toute nature entre les êtres humains ».
« La proximité de la clinique et des pensionnaires font que ce lieu permet un mélange et une acceptation de la différence sans jugement. La Borde permettait, à mon époque de petite fille, de se sentir libre et de grandir en construisant la tolérance ».
« Ce lieu dans l’enceinte de la clinique, même s’il était distinct d’elle, portait en lui les mêmes valeurs humaines de respect de l’autre, de responsabilité de chacun, d’ouverture sans jugement ».
« Je pense effectivement qu’il a influencé ma vie familiale et sociale car il m’a permis de passer beaucoup de temps avec mon frère, ainsi qu’avec d’autres enfants de tous âges, chose assez peu fréquente à l’école où l’on côtoie principalement ses camarades du même niveau scolaire. Je crois que la garderie m’a apporté la faculté d’aider spontanément les autres, sans a priori ».
« Comme j’aimerais pourvoir recréer cette ambiance de tranquillité et de bienveillance dans le monde déshumanisé où nous vivons souvent aujourd’hui ! ».
« On ne peut imaginer mieux comme environnement pour grandir en toute liberté dans un endroit un peu hors du commun ».
« Moi qui suis d’une nature timide, c’est un endroit où j’ai pu m’épanouir, m’exprimer et faire évoluer mon imagination. J’y ai aussi développé l’écoute et surtout la tolérance, qui sont des éléments qui m’ont permis d’évoluer dans ma vie personnelle et professionnelle ».
« Aujourd’hui je suis maman d’un petit garçon de 2 ans et demi et j’aurais adoré pouvoir lui offrir un tel endroit pour s’épanouir, car c’est un lieu qui a été très important pour moi ».
« L’apprentissage du partage et de la rencontre, le "faire ensemble" ».
« Nous étions responsabilisés, au travers de tâches confiées et du rôle "des grands" envers les "petits" ».
« Sentiment de liberté et de tranquillité, tout en se sentant en sécurité et bien entouré sur le plan affectif ».
« Un lieu de tendresse, beaucoup d’amour ».
« La confiance, la tolérance, la considération ».
« Fille unique, j’ai en fait l’impression d’avoir eu beaucoup de frères et soeurs ».


« La garderie a fortement marqué mon enfance et mon attachement à la campagne solognote. Mon rapport à la folie et aux bizarreries s’est construit pendant ces années-là aussi, j’en garde une grande empathie pour les personnes étranges et/ou exclues socialement ; grandir près des fous, ça marque… On a peu de préjugés quand on est enfant et je crois qu’on arrive facilement à voir l’humanité des personnes qui souffrent et qui sont tourmentées par leurs propres pensées. Et cela fait relativiser ses petits tracas quand on y repense ».
Citons également cette réflexion d’une gamine de 4 ans, que nous a rapportée une gardienne, à sa maman qui s’étonnait des cris d’un résident… : « C’est comme quand nous on fait des cauchemars la nuit, mais lui c’est toute la journée qu’il fait des cauchemars ».

Et maintenant ?
Comme pour de multiples lieux que nous avons connus il y a quelques décennies, certains seraient tentés de dire « Mais maintenant, ce n’est plus comme avant » : eh bien si…, nous le confirmons ! Après avoir visité les lieux, et rencontré les gardiennes actuelles et quelques enfants, nous avons pu constater que tout ou presque fonctionne comme avant. Bien sûr les normes et les règlements ont changé, mais bon nombre des phrases de ce texte écrites au passé auraient pu l’être au présent ; la garderie a conservé sa philosophie : autonomie de l’enfant…

P. L.

Merci aux « enfants devenus grands » : Adrien, Anaëlle, Clarisse, Émile, Félix, Flore, Florian, Gabriel, Geoffrey, Jean, Julie, Louis, Marina, Nitza, Sandrine, pour leurs chaleureux témoignages, ainsi qu’aux membres du personnel de la clinique (actuels ou anciens, gardiennes, soignants et autres) : Alain, Bernard, Claude (« Coda »), Elisabeth, Jacqueline (« Belin »), Julie, Marie, Martine, Monique, Noëlle, aux parents et à quelques autres qui resteront anonymes, qui nous ont permis d’évoquer tous ces souvenirs, ainsi qu’à la direction de la Clinique de La Borde.
Voir aussi le film d’Anaëlle Godard « Au jour le jour, à la nuit la nuit » - 2015

(1) Moniteurs : c’est ainsi qu’à La Borde on désigne les membres du personnel soignant.
(2) Françoise Dolto (1908-1988) : pédiatre et psychanalyste française qui s’est particulièrement intéressée à la psychanalyse des enfants et à la diffusion des connaissances dans le domaine de l’éducation des enfants (Wikipédia).
(3) « La Guerre des boutons » : film réalisé par Yves Robert, sorti en 1962.

La garderie de la clinique de La Borde

La Grenouille n°55 - Avril 2022

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de nous donner votre avis sur cet article, de nous transmettre un complément d'information ou de nous suggérer une correction à y apporter