Complots et rivalités

(Mémoires Philippe HURAULT - Episode n°3)
La notoriété acquise, Philippe Hurault est mandaté par la reine Catherine de Médicis pour remettre un peu d’ordre dans Paris. Il s’emploie donc à faire respecter l’autorité du roi et les lois en vigueur dans la capitale.
Il est très vite reconnu par la Cour comme un homme sur qui on peut compter mais aussi avec qui il faut compter. Son pouvoir envers « les dames et les favoris » se met en place dans un contexte très tendu entre le duc de Guise et son acolyte le cardinal de Lorraine, tous deux proches de la reine mère et de tous les princes de sang. 
Il faut se souvenir du bain de sang dans lequel va se terminer « la conjuration d’Amboise » en 1560. Cependant, dans cette France du XVIe siècle, la vie continue son bonhomme de chemin entre deux conjurations et quelques massacres ! 
Philippe, comme un bon compagnon, fait son tour de France avec le roi Charles IX et sa mère. Il faut sans cesse gérer les rivalités. À Vendôme, il tranche un différent entre le cardinal de Lorraine et le duc de Montmorency. À Toulouse, il gère une querelle de même ordre. À Montélimar il organise les états du Dauphiné, et ainsi de suite... 
À 33 ans, Philippe Hurault possède une véritable stature d’homme et de conseiller d’État, tant et si bien qu’on lui propose un poste d’ambassadeur en Allemagne ou en Italie, qu’il refuse, pour devenir « Chancelier de Monsieur », frère du roi et duc d’Orléans. 
Les rencontres vont de-ci de-là jusqu’au jour où l’amour frappe à sa porte. Il a, bien sûr, une vie sentimentale, mais pas très fixée. Sa cousine germaine, Madame de Vibraye, soeur du seigneur de Chamfreau et ami de Philippe, arrangent une rencontre entre Philippe et la fille de leur ami, le président de Thou. 
Le 13 mai 1566, Anne de Thou épouse le comte de Cheverny, chancelier de France et de l’ordre du Saint-Esprit. Philippe est alors âgé de 38 ans. Ils auront beaucoup d’enfants. 
La fortune de Philippe se constitue à partir de ce moment, car Monsieur de Chamfreau, qui a couché Philippe sur son testament, meurt trois mois après les noces. Sa veuve, Madame de Vibraye (seule héritière et usufruitière) fait un procès à son cousin Philippe qui va mettre dix ans à solder cette affaire à son avantage ; « famille je vous aime », rien ne change sous le soleil de France ! 

Les victoires futures 
Philippe déjoue un complot fomenté par les Huguenots pour enlever le roi, la reine mère et des frères du roi à la résidence de cette dernière. De ce fait, la Cour entière se trouve obligée de fuir vers la capitale distante d’un à deux jours de marche. 
Mais l’étau de resserre autour de Paris et les Huguenots s’emparent d’Étampes, de Saint- Cloud et de Saint-Denis. Ce sont les prémices de la guerre civile. 
Dans un combat pour défendre Saint-Denis contre le prince de Condé, le connétable est grièvement blessé et meurt peu après. Sur les conseils de Philippe, le roi nomme son frère, le duc d’Anjou, responsable des Armées. 
La première bataille que mène le frère du roi est organisée par Philippe le 4 mars 1569 à Jarnac, là où le prince de Condé a perdu, à la fois, la bataille et la vie. Les vaincus se retirent à la Rochelle et attendent des renforts promis par les Allemands. 
Le duc d’Anjou est surpris à Poitiers par les Huguenots mais le duc de Guise vient en renfort et remonte par Châtellerault vers Plessis-les- Tours où séjourne le roi. 
Philippe Hurault propose au responsable des armées de livrer bataille à Moncontour, le 20 octobre 1569. Deuxième bataille et deuxième victoire pour le futur Henri III. 
Le roi veut alors en finir avec l’amiral Coligny qui se réfugie en Saintonge à Saint-Jean-d’Angély. Il n’y a pas de victoire et l’armée est dissoute. 
Le roi Charles IX profite de cette accalmie pour se marier avec la fille de l’empereur Ferdinand d’Allemagne. Les noces sont célébrées à Saint-Denis en 1570 et par la suite le roi va rejoindre Paris. 

Les guerres de religion 
Ensuite, les évènements s’enchaînent rapidement jusqu’au génocide du 24 août 1572, le « massacre de la Saint-Barthélemy ». En une journée, le roi et la France se débarrassent de beaucoup d’ennemis et cela permet au roi de Navarre, futur Henri IV ainsi qu’au prince de Condé de se convertir au catholicisme. 

En conclusion, la réforme est donc née, en réaction aux trafics d’influences et d’indulgences exercés par le clergé, mais elle va très vite se transformer en un pillage systématique des biens de l’Église catholique. 
L’esprit puritain trouve son terreau dans cette contre-réforme que les protestants comme les catholiques mettent en oeuvre. Cela va se transformer, peu de temps après, en la pire des guerres civiles : les guerres de religions. 

À suivre... 

Sources : « Le Chancelier de Cheverny » par le Comte Henri de Vibraye. Éditions Émile Hazan, Paris 1932.

Le Colvert - La Grenouille n° 19 - Avril 2013

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