Le domaine de Sérigny

Le domaine de Sérigny à Cour-Cheverny
En 1506, le domaine de Sérigny appartenait à Louise du Mesnil puis, bien plus tard, à la famille de Michel Bégon. Michel Bégon est né à Blois en 1638. Administrateur et officier de plume dans la marine sous Colbert, il meurt à Rochefort en 1710. Il donna son nom à une fleur célèbre : le bégonia. À cette époque, la famille Bégon possédait, en plus du domaine de Sérigny, le domaine de La Sistière au nord et le domaine des Murblins à l’ouest. L’actuel château de Sérigny n’existait pas. Sa construction date du XIXe siècle.

De 1890 au début du XXe siècle, la famille Adeline était propriétaire d’un vaste domaine de 200 hectares qui comprenait Sérigny et s’étendait au sud jusqu’à la ferme de La Louettière avec son immense potager (sur la route de Fontaines-en-Sologne) et limité à l’est par la route de La Charmoise. Au nord, en limite des terres de la famille Lemaignan, la ferme du Rouvre assurait l’exploitation agricole du domaine. À l’ouest, la propriété s’arrêtait au chemin de Chercherelle avec les terres des Murblins.
Les Adeline étaient en famille avec les Lemaignan du domaine « Gué-la-Guette » sur la commune de Fontaines-en-Sologne. Raoul Adeline était le cousin germain de Raoul Lemaignan. Il avait fait fortune, comme une autre grande famille locale, les Bégé, en fournissant les chevaux et leurs équipements aux armées napoléoniennes.
La Louettière brûla complètement vers 1920. Les Adeline vendirent la plus grande partie du domaine de Sérigny en 1930 à la famille Herbelot, sauf La Louettière qui venait d’être reconstruite.
La Louettière fut ensuite habitée et amémagée par la famille Guéden, propriétaire des magasins du Printemps vers 1960.
Le domaine de Sérigny à Cour-Cheverny

1964-1984
Pierre Vallée achète le domaine en 1964. Il était PDG de la société Eiffel. À l’époque de M. Vallée, les affaires vont bon train pour cette société qui construit des ouvrages d’art métalliques dans le monde entier et en particulier en Afrique. Puis la société Eiffel cesse son activité. L’agence Eiffage est créée dans la foulée. C’est cette société que rachètera plus tard l’entreprise Goyer de Fougères-sur- Bièvre.
Pierre Vallée avait deux fils (Jean-Marie et Thierry) et trois filles que l’on pouvait rencontrer régulièrement à Cour-Cheverny le weekend. Leur luxueuse Mercedes blanches 300 SL décapotable et son intérieur tendu de cuir rouge, ne passait pas inaperçue au village...
Les Vallée, passionnés de chevaux, possédaient de grandes et belles écuries à Sérigny. Il leur arrivait souvent de suivre les chasses à courre avec l’équipage de Cheverny. Les fils étaient de bons vivants. Jean-Jacques Bricault, alors propriétaire du restaurant Les Trois Marchands, se souvient d’un étrange pari : les deux frères, après un repas constitué de langouste, turbot, filet de boeuf, fromage et dessert décidèrent de repartir dans la foulée pour le même menu... en sens inverse...En 1984, Pierre Vallée décide de mettre le domaine en vente. Il sera morcelé : la ferme du Rouvre sera vendue avec quatre hectares, une centaine d’hectares seront acquis par le comité d’entreprise du Crédit Agricole et une trentaine d’hectares vendus à divers particuliers. Le domaine de Sérigny se réduisit ainsi à 63 hectares.

Le domaine de Sérigny à Cour-Cheverny

Le drame de 1996
M. Van Eckout rachète le domaine en 1985. Promoteur immobilier sur toute la France, il affiche le nom de sa société, Vaneck, sur de nombreux immeubles parisiens. Lui aussi fréquentait le restaurant Les Trois Marchands, à Cour-Cheverny. Il venait y dîner avec son épouse, une grande dame de 1,80 m, directrice du Théâtre national de Paris (TNP).
Patrice Duceau, garagiste à Cour-Cheverny le connaissait. Il raconte : « Un samedi soir de novembre 1996, je dînais en famille au restaurant Les Trois Marchands. M. Van Eckout occupait la table voisine avec sa fille, qui devait avoir une quinzaine d’années. Nous nous saluâmes en papotant sur quelques banalités du moment. Le lendemain, je ressentis un choc en apprenant son suicide ».

Le domaine de Sérigny à Cour-Cheverny
À partir de ce jour, le château de Sérigny fut brutalement abandonné. Il devint le repère de jeunes locaux qui squattèrent l’endroit autour de feux de cheminées au milieu des packs de bière.
L’hiver suivant, en l’absence de chauffage, les canalisations d’eau gelèrent jusqu’à éclater. Tous les planchers et les plafonds du château furent inondés. Des centaines de m3 d’eau se répandirent partout pendant plusieurs jours. Suite à ce gâchis, le château resta abandonné pendant trois ans, jusqu’à l’arrivée du propriétaire actuel.
Les nouveaux propriétaires, Loir-et-Chériens et ruraux de souche, ont rénové le domaine de Sérigny avec une vision guidée par un « bon sens paysan ». Ainsi vivent en harmonie chevaux, canards, oies, chiens et autres locataires de la faune locale... La nature, la simplicité, le calme entre les étangs et la forêt peuplée de chevreuils et de sangliers y règnent avec pour philosophie : « Pour vivre heureux, vivons cachés ».

P. D.

Merci à Thierry Vallée pour son témoignage à propos de sa famille, qui est venu compléter ou préciser nos informations.

Le domaine de Sérigny à Cour-Cheverny

Le domaine de Sérigny à Cour-Cheverny

Le domaine de Sérigny à Cour-Cheverny

La Grenouille n°62 - janvier 2023

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