Le camping du Casseux à Cour-Cheverny

Dans le numéro 30 de La Grenouille de janvier 2016, nous avons relaté l’histoire du lavoir de Cour-Cheverny et parlé de l’origine du nom. Pour rappel, les commerçants et habitants du bourg avaient l’autorisation de déposer, à cet endroit, des casseaux de vaisselle, verres et ferrailles, afin de le remblayer. Pierre Gaveau, chargé d’enlèvement des boues et immon­dices et du nettoyage des rues du bourg déversait, avec son tombereau, les boues afin de compacter et agglomérer ces casseaux et l’employé communal chargé de les réduire était à l’époque appellé « Le Casseux ».
Après le déclin du fonctionnement du lavoir et sa fermeture, voyons la suite de l’histoire de ce lieu que les courchois connaissent bien sous le nom de camping du casseux.

Le Camping
Concernant l’installation d’un camping, nous n’avons trouvé aucune délibération. Seul un courrier de la mairie du 1er août 1963, adressé à la préfecture, fait état du « Terrain de camping du casseux : classé en 4e catégorie, offrant un séjour gratuit, avec une capacité maximum de 12 installations pour 36 cam­peurs. L’équipement sanitaire situé dans un bloc, rue de Saint-Aignan, comprenait : un WC avec chasse d’eau, des urinoirs, l’eau potable, à proximité du lavoir ».
Le Casseux à Cour-ChevernyCette description peut fait sourire. C’était ce que l’on appellerait aujourd’hui « une aire naturelle de camping » et, en cela, Cour- Cheverny était peut-être précurseur (terrain situé en centre bourg, avec des commerces de proximité, dans un cadre bucolique, calme et agréable).
Dans une délibération de novembre 1974, le conseil municipal propose la plantation d’arbres en différents lieux de la commune, en particulier « à l’espace vert du casseux ». Ce terrain, situé en bordure de rivière était, en effet, planté d’acacias qui, rendus dangereux par leur grand âge, avaient dû être abattus.



Une péripétie !
En 1975, il avait été demandé à M. Amiot, l’architecte habituellement sollicité par la com­mune, d’établir un projet de construction d’un camping à La Borderie, mais les différentes commissions ayant souhaité que le terrain de camping reste au « Casseux », le projet avait été abandonné !

Le pont du casseux
Début 1975, il est demandé au Syndicat inter­communal du Beuvron Centre-Aval, s’il est possible, dans le cadre des travaux de curage de la rivière « Le Conon », de refaire le pont du casseux, en le remplaçant par un pont cadre de 4 mètres de chaussée, permettant un accès plus facile au camping municipal. La commune donne son accord. Le Syndicat intercommunal du Beuvron Centre-Aval en sera le maître d’ouvrage.
Le Casseux à Cour-ChevernyL’entreprise Chognot est chargée des travaux.
Un an plus tard, par délibération du conseil municipal du 26 février 1976, les travaux neufs des chemins ruraux sont programmés, en particulier ceux du chemin rural dit « du casseux », comprenant l’élargissement, la pose de bordures béton, l’aménagement d’un parking et de la voie intérieure du camping, après déplacement d’un support EDF.
Cette voie permet de nos jours de relier agréa­blement la route de Fougères, le lotissement de La Borderie et la rue Félix Faure à la rue de Saint-Aignan aujourd’hui dénommée ruelle Saint-Aignan.

Agrandir le terrain de camping ?
En octobre 1975, le maire rend compte de pourparlers avec le Groupement forestier de Cheverny (château de Cheverny), proprié­taire du terrain nécessaire à l’agrandissement du camping du casseux. Ce projet restera momentanément sans suite.
À ce même conseil d’octobre 1975, le maire informe de la création d’un Fonds d’équipe­ment des collectivités locales permettant, par anticipation sur 1976, de répartir entre les collectivités et organismes bénéficiaires, un milliard de francs. La somme attribuée à ce titre à la commune de Cour-Cheverny s’élè­vant à 34 160 francs.
La commune peut prétendre à un emprunt de 35 000 francs à 15 ans et au taux de 9,25 % auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations. Elle dispose ainsi d’un cré­dit total de 69 160 francs pour des travaux d’équipement, cette affectation étant la seule restriction.
La Commission des travaux, souhaite que ces crédits soient utilisés pour l’équipement du terrain de camping du casseux en priorité (et éventuellement pour l’aménagement du logement de l’ex gare). Considérant que le tourisme est une des principales ressources de la commune et que le terrain de camping, très sollicité, ne comporte pas d’équipements sanitaires, le conseil décide de contracter l’emprunt de 35 000 francs dans les conditions exposées et il est demandé à la S.I.C.A.H.R, rue d’Auvergne à Blois, d’établir un dossier d’aménagement détaillé pour équiper le ter­rain de camping d’un bloc sanitaire et d’une installation d’éclairage.
En février 1976, la commission de travaux examine les offres des entreprises de Cour- Cheverny et Cheverny et le maire signe les marchés de gré à gré.
À nouveau, lors du conseil municipal de sep­tembre 1990, le projet d’agrandissement du camping, en négociation amiable, est soulevé.
En janvier 1991, le conseil municipal décide d’acquérir une parcelle appartenant au Groupement Forestier de Cheverny. En vue de cet agrandissement du camping du cas­seux, divers aménagements sont prévus par la D.D.E (Direction départementale de l’Équi­pement) :
une voie de liaison entre le camping et l’extension projetée ;
la création d’un sanitaire et la restauration de celui existant ;
la plantation de végétaux pour agrémenter les abords des emplacements et la desserte des divers réseaux EDF, AEP, éclairage public.
Ces travaux sont réalisables au 3e trimestre 1992.
Mais lors d’une réunion du Conseil du 17 juillet 1992, M. de Sigalas, représentant le Groupement Forestier de Cheverny et proprié­taire de la parcelle, ne désire plus vendre à la commune. Une solution est trouvée avec un bail de longue durée.

Le Syndicat d’Initiative et le camping
Fin décembre 1976, le Syndicat d’Initiative (SI), par l’intermédiaire de M. Géniès, 2e adjoint, et membre du SI de Cour-Cheverny, expose qu’il dispose d’un local communal dans lequel la permanence assurée jusqu’en 1975 à titre bénévole, ne sera plus possible. L’activité du Syndicat d’Initiative nécessitant une permanence tenue régulièrement et un secrétariat efficace, celui-ci propose donc de recruter une personne qui assurera également la gestion du camping pour le compte du SI.
Le Conseil municipal, considérant l’intérêt que représente le Syndicat d’Initiative, accorde la garantie de la commune pour contracter un emprunt, assurer et financer cette nouvelle mission.

Convention pour la gestion du terrain du camping
Le conseil municipal décide, à l’unanimité, de donner la gestion du camping du cas­seux au Syndicat d’Initiative de Cheverny/ Cour-Cheverny et autorise le 21 mai 1976, la signature par le maire Jean Grateau d’une convention avec M. de La Salle, vice-président du Syndicat d’Initiative de Cheverny/Cour-15
Cheverny, aux termes de laquelle « Il est convenu que :
La municipalité de Cour-Cheverny met à dis­position du S.I. le terrain de camping au lieu-dit « Le Casseux » en vue de sa gestion pour la pratique du camping », selon des conditions définies.
Le Syndicat d’Initiative de Cour-Cheverny assure la gestion du camping du casseux jusqu’en 2002. À partir de cette époque, des difficultés interviennent qui vont modifier la situation.
Le marquis de Vibraye, président de l’Office de Tourisme de Cour-Cheverny/Cheverny, écrit au maire de Cour-Cheverny, le 23 janvier 2002, pour « évoquer l’avenir du camping municipal du casseux » et l’informer qu’il n’est « plus possible d’en assurer la gestion » suite au décès de Jean-Pierre Vaillier, « qui a porté un premier coup très dur à notre organisation puisqu’il intervenait et veillait à la perfection au bon fonctionnement du camping.
Nous avons ensuite pensé nous en relever partiellement, grâce à l’intervention de M. Géniès qui nous avait mis en relation avec Mme Letellier, gérante du Café de Paris, à Cour-Cheverny. Cette dernière, forte d’une convention signée avec l’Office de Tourisme, a assumé le fonctionnement du camping pen­dant quelques mois. Malheureusement, des raisons personnelles l’ont obligée à arrêter.
Le camping est resté ouvert au public la saison passée grâce au courage, à la dis­ponibilité et à l’abnégation de MM. Morat et Durant. Mais, dans ce domaine, le bénévolat a atteint ses limites et il n’est pas possible de considérer une nouvelle saison d’ouverture du camping dans ces conditions ».
Par délibération du 5 mars 2002, la commune reprend à sa charge le fonctionnement du camping, qui sera ouvert du 15 juin au 30 septembre 2002.
Grâce aux moyens mis en oeuvre, à son emplacement en bordure de rivière et au cent /2017/04/Camping-Le-Casseux-Cour-Cheverny.html re du village, avec un accès direct aux commerces, sa situation très favorable pour la visite des châteaux de la Loire, on pouvait penser que le camping fonctionnerait correc­tement. Cependant, les conditions écono­miques, les habitudes des touristes Français comme étrangers changeant, le bilan devint déficitaire, à partir de 2008.
Lors d’une réunion du Conseil municipal du 20 juin 2014, Le maire indique que le camping « Le Casseux » restera fermé pour la saison 2014 et, de fait, il n’a plus été exploité depuis.
Le 20 septembre 2015 a été organisé à cet endroit le premier pique-nique communal qui a regroupé un nombre important d’habitants qui ont profité d’un dimanche d’été ensoleillé et très convivial pour partager un moment agréable ensemble… Cette opération a été renouvelée en 2016.
Au quotidien, les habitants de La Borderie et de la route de Fougères le traversent à pied pour accéder aux commerces.

Françoise Berrué

Sources :
Délibérations des Conseils municipaux
de Cour-Cheverny.

Registres de 1963 à 2016.

La Grenouille n° 35 - Avril 2017

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