
Selon ses
informations, le maire, Alphonse Bonamy, indique que la population trouverait
la gare mieux située au clos des Rajetières. Ce lieu est confirmé par vote car
il représente plus d’avantages pour l’emplacement de la gare.
Quant aux autres
stations, le conseil ne se prononce que sur celle de Soings-en-Sologne,
reconnaissant que, située sur le chemin de grande communication n° 19,
conformément au plan de l’enquête préalable, c’est le plus favorable.
L’emplacement de la
gare de Cour-Cheverny est entériné le 24 mars 1878, conformément au voeu de la
population. Précisons que la bataille fut rude entre Bracieux et Cour-Cheverny,
mais c’est la ligne la plus directe qui fut choisie.
Le 3
novembre 1882, en session extraordinaire,
le maire, Alphonse Bonamy, expose au Conseil le futur établissement du Chemin
de fer projeté de Savigny-sur-Braye à Romorantin par Vendôme, Blois et
Cour-Cheverny avec embranchement de Cour-Cheverny à Saint- Aignan par Contres
(ce projet ne se réalisera pas). Le Conseil municipal, après les explications
relatives à la déclaration d’intérêt général et au tracé, accepte le Chemin de
fer à Cour-Cheverny, sauf les modifications qui pourraient être apportées au
tracé.
En 1896, le chef de
gare s’appelle Aristide Chaumilier, 37 ans et son employé, Aimé Dahurel, 41
ans. En 1901, il y a 3 salariés, le chef de gare est Marcel Jaffredo, 37 ans,
assisté de 2 employés, Michel Gandeau et Marius Mardel.
La ligne Blois,
Romorantin, Villefranche-sur- Cher (ligne grand réseau), est construite en 1884
et fonctionnera jusqu’en juin 1944, le bombardement du pont de fer sur la
Loire, le 11 juin 1944 mettra fin à l’exploitation. Mais le trafic des
voyageurs avait baissé dès 1938. La ligne desservait La-Chaussée-Saint-Victor,
Vineuil, Saint-Claude, Mont-près-Chambord, Cour-Cheverny, Fontaines-en-Sologne,
Soings, Mur-de-Sologne, Romorantin et Villefranche-sur-Cher. Trois trains par
jour partaient de Blois vers Romorantin : à 5 h et 9 h le matin, 18 h le soir,
et trois trains assuraient le retour de Romorantin. Le trajet durait une heure
trente à une heure quarante cinq de Blois à Romorantin et le train s’arrêtait
dans chaque gare. À Romorantin, les correspondances avec le B.A (Le
Blanc-Argent) étaient assurées et à Villefranche-sur-Cher, avec le
Tours-Vierzon. Outre le transport des voyageurs, les trains de marchandises
représentaient un intérêt économique important pour le transport du bois des
forêts de Sologne (étais de mine), le foin, les denrées alimentaires comme les
asperges, les primeurs et les vins. Sur le territoire de la commune, la ligne
franchissait le pont sur le Beuvron au Patureau des Huards, (il reste des
piles sur la route de Tour-en-Sologne), puis longeait Trubert où elle franchissait un pont et virait à gauche après La
Touche vers La Maisonnette pour prendre la direction de Romorantin.
En
avril 1904, une pétition des habitants de
la commune demande à la Compagnie des Chemins de fer d’Orléans, un passage à
niveau n° 202, au lieudit Les Trudelles, à Cour-Cheverny. Le Conseil, présidé
par le maire Louis Mahoudeau-Maillard, donne un avis positif : «
considérant que le hameau des Trudelles est situé à 5 km de Cour-Cheverny et à
environ 4 km de Fontaines-en-Sologne, qu’un arrêt à cet endroit faciliterait le
transport à Blois et à Romorantin d’une population de deux cents personnes,
lesquelles sont obligées actuellement d’aller prendre le train à Cour-Cheverny
ou à Fontaines ; considérant que la compagnie des Chemins de fer n’aurait
qu’avantage à retirer de cette création, attendu que le trajet des Trudelles à
l’une des gares désignées ci-dessus se fait par la voie de terre, et qu’alors
il aurait lieu par les voies ferrées ; considérant que les pétitionnaires
s’engagent à supporter tous les frais occasionnés par la création de cet arrêt
conditionnel, à l’unanimité le Conseil donne un avis très favorable à la
création de l’arrêt et souhaite la réalisation dans les plus brefs délais » !
En
novembre 1910, sur la proposition de deux
conseillers municipaux, le Conseil signale que « l’état du matériel qui
sert au transport des voyageurs de Blois à Villefranche-sur-Cher est dans un
état de délabrement complet, que les wagons qui ne présentent aucun confort
sont ouverts à tous les vents, et les jours de pluie envahis par l’eau ». Ils prient le maire, Léon Cazin, d’entrer en pourparlers
avec les maires des communes desservies par la ligne pour faire une réclamation
collective à la Compagnie des Chemins de fer d’Orléans, afin de mettre à
disposition des voyageurs, des wagons plus confortables.
En
novembre 1925, le maire, Louis Gargouil,
donne lecture d’une lettre du maire de Mur-de-Sologne pour que « le
Conseil de Cour- Cheverny émette un voeu afin qu’un wagon de voyageurs soit
attaché au train de marchandises N° 4833, arrivant à Romorantin à 10 h 55, surtout
le mercredi, jour de marché où le train 713 arrive à 13 heures 09, trop tard
pour les voyageurs ayant à faire au marché qui commence à midi ». Le conseil donne un avis favorable.
![]() |
Le personnel de la gare de Cour-Cheverny. |
En
décembre 1941, Georges Bégé, qui faisait
fonction de maire, avertit le Conseil qu’il a enregistré de nombreuses
doléances des habitants de la commune obligés d’emprunter les véhicules
automobiles de la Société des Cars 17
Rouges pour faire le trajet Blois/Villefranche-sur-Cher et
retour. Les usagers se voient souvent refuser l’accès à ce seul moyen de
transport en commun qui rend les plus grands services à notre région. Le
Conseil, au nom du maire et des habitants, souhaite que « M. le
préfet veuille bien intervenir auprès du service officiel de la Société des
Cars Rouges de Blois, pour obtenir un service de transport renforcé, permettant
en particulier, les jours de marché à Blois (mardi et samedi) l’accès des
véhicules dans les deux sens, pour toutes les personnes que leurs affaires
amènent à utiliser cet unique moyen de transport ». Ce
à quoi, les services intéressés ont répondu que, « malgré les circonstances
difficiles actuelles, la Société des Cars Rouges pouvait espérer être en mesure
d’améliorer son trafic sur la ligne citée ».

La guerre va modifier
le service ferroviaire de notre département. Le bombardement du 11 juin 1944 détruit
le pont du Chemin de fer sur la Loire entre la Chaussée-Saint-Victor et
Vineuil. Les trains démarreront alors de Vineuil.
Le 27
septembre 1949 : le maire, René Chéry, informe
le Conseil de la suppression éventuelle de la ligne Blois/Villefranche-sur-Cher
et sollicite son avis. À l’unanimité, il proteste énergiquement contre cette
éventualité, la ligne rendant de grands services à la commune et aux communes
environnantes, pour le transport des voyageurs comme des marchandises (légumes
frais, vins, engrais, etc). Cette ligne ne doit pas, selon le Conseil
municipal, être déficitaire ! Il demande au préfet du Loir-et- Cher de bien
vouloir transmettre sa protestation unanime et celles de tous les commerçants
et cultivateurs de la commune au ministre des Travaux publics et des
Transports.
![]() |
Passage du dernier train de marchandise au pont de Trubert en octobre 1953. Le pont a été démoli en 1955 |
Lors
de la séance du 5 novembre 1955, le
maire, Fernand Brunet, évoque une entrevue du 27 juin 1955 avec la SNCF qui
propose aux communes la vente de ses terrains. Cet achat des terrains
permettrait de réaliser un jardin public, mais aussi de créer une rue entre le
passage à niveau de La Touche et celui de la rue Gillette (route de Bracieux),
après l’étude faite par les Ponts et Chaussées. La SNCF vendrait au prix fixé
par les Domaines :
1) une partie de la
cour des voyageurs entre la voie ferrée, le boulevard Carnot et la maison de
Mme C., un particulier, et une ligne à fixer perpendiculairement au Boulevard
Carnot, soit un rectangle de 25 x 55 m.
2) une bande de 800 m
de long sur 11 m de large sur l’emplacement des voies ferrées car les Ponts et
Chaussées demandent de prévoir une chaussée de 7 m de largeur avec trottoirs de
2 m. Le maire précise que les formalités dureront plus d’un an.
Par
un courrier du 27 septembre 1956, la
SNCF accepte de vendre une partie des terrains de l’ancienne voie ferrée sur
l’ancienne cour des voyageurs ; l’ancienne plate-forme de la voie entre les PN
208 et 210 (La Touche et Route de Bracieux), pour la création d’une rue
nouvelle. Le Conseil municipal approuve les plans et états parcellaires
définissant les terrains à acheter à la SNCF et accepte le prix demandé de 375
000 francs pour les 2 lots. Le conseil demande au préfet de bien vouloir
déclarer cet achat d’utilité publique en vue d’être exonéré des droits de
timbre et d’enregistrement, cet achat étant fait pour c réer ultérieurement une
voie publique.
En
décembre 1956, la SNCF Région Sud- Ouest
propose de remettre gratuitement à la commune, suite au déclassement de la voie
ferrée Romorantin/Saint-Denis-sur-Loire, les terrains occupés sur les chemins
par les passages à niveau et divers ouvrages. Sont concernés à Cour-Cheverny :
8 passages à niveau et deux passages situés sur des voies vicinales, les terrains
variant de 6 à 18 m de largeur.
Le Conseil accepte la
remise gratuite par la SNCF des terrains et ouvrages, ce qui est fait
officiellement le 21 janvier 1957. La SNCF mettra en vente aux particuliers
toutes les maisonnettes situées le long de la ligne.
Le 2 mai 1959, le
maire informe le Conseil que l’ex-gare des voyageurs, ainsi que sa cour, ont
été vendues aux enchères le 27 mars 1959, sans que la commune ait pu se porter
acquéreur : la publication n’ayant été faite que quelques jours avant les
élections municipales, alors que le Conseil sortant n’avait plus de pouvoirs
pour engager l’avenir, et le nouveau Conseil n’ayant été installé dans ses
fonctions que 5 jours avant l’adjudication.
La commune s’était
effacée précédemment dans cet achat parce qu’un commerçant-expéditeur qui
occupait les lieux, souhaitait s’en rendre acquéreur. Mais il dut renoncer à
l’achat des locaux et des terrains.
Le maire demande au
Conseil de reprendre alors un projet dont l’exécution avait été différée et
qu’il serait utile de réaliser : la création à Cour-Cheverny d’une auberge de
jeunesse. L’Inspecteur départemental de la Jeunesse et des Sports, informé et
consulté, est intéressé par ce projet, précisant que cette création serait très
utile dans le Loir-et-Cher, qui manque de tels organismes.
Il précise que la
situation financière de la commune en 1959 permet d’envisager cet achat sans
solliciter de subvention. Il demande au préfet de Loir-et-Cher d’approuver ce
projet et de prendre un arrêté le déclarant d’utilité publique. Le Conseil
décide de créer une auberge de jeunesse à Cour-Cheverny, se rend acquéreur de
l’ex-gare et de la cour des voyageurs cadastrée au lieu-dit « La Ville », et
permet au commerçant occupant sans titre les lieux, de rester jusqu’à fin 1959.
Les
aménagements d’aujourd’hui se sont décidés lors de la séance du 24 août 1959
Le maire, M. Brunet,
informe « qu’avant la construction de la voie ferrée, l’actuelle
rue Augustin Thierry se prolongeait par un chemin rural jusqu’au hameau de la
Bigée, qui fut pris en partie à la commune pour être incorporé aux emprises de
la Compagnie P.O. Depuis 1890, il a été classé en Chemin rural n° 35.
Actuellement, partant de la Bigée, il se termine en cul de sac à 70 m d’une
parcelle qui appartient aux Domaines et susceptible d’être vendue. De ce fait,
les habitants de la Bigée ont, pour venir à Cour-Cheverny, à faire le détour
d’environ 1 km en passant soit par la Touche, soit par la Croix aux morts
(chemin rural n° 34). Il y aurait intérêt, pour la commune, à rétablir jusqu’à
la rue projetée, le chemin rural N° 35 par une voie de 11 m de large,
suffisante pour faire une rue ».
C’est l’actuelle rue de la Bijaye.
« D’autre part, le terrain autour de
l’emplacement de cette rue envisagée, est plat et solide. Il permettrait de
préparer un lotissement de terrains à bâtir de 2 à 300 m² chacun. De tels
terrains sont impossibles à trouver alors à l’amiable dans les environs
immédiats de l’agglomération où de nombreuses demandes ont été faites à ce
sujet à la mairie qui ne peut rien proposer pour donner satisfaction ». C’est aujourd’hui le lotissement du Clos Marchand. Le
maire ajoute : « Le reste du terrain environ 500 m², non
susceptible d’un lotissement pourrait être utilisé pour les besoins propres de
la commune, jardin public, terrain de camping bien aménagé, un petit bâtiment,
annexe de l’ancienne gare des voyageurs, existe déjà sur ce terrain ».
En
octobre 1989, le maire, Bernard Billot,
informe le Conseil qu’à la suite d’une entrevue avec les Domaines concernant le
terrain ci-dessus, un courrier du directeur de l’enregistrement et des
Domaines donne priorité à la commune pour la cession amiable de ce terrain et
des constructions qui y sont édifiées. À cet emplacement a été construite la
salle des fêtes.
La
commune acquiert enfin l’ancienne gare
C’est seulement en
mars 1967 que l’ex-gare, alors achetée par Roger Letiche de Blois, est en
vente.
Le Conseil considère « que
cet achat est important pour la commune, car il permettra d’avoir à disposition
un appartement, doté de confort et remis à neuf pour loger soit le personnel
enseignant, soit des employés communaux, auxquels il est nécessaire d’assurer
un logement convenable, si l’on veut recruter du personnel de valeur ! Il
permettra d’offrir une place publique de plus de 2 000 m² pour organiser un
parking indispensable pendant la saison touristique, bien que cet emplacement
était déjà utilisé en tant que tel ; enfin il donnera à la commune au
rez-de-chaussée, deux grandes salles pour des réunions de groupes et de
sociétés de jeunes de notre commune ». L’achat
est décidé au prix de 140 000 francs par le Conseil qui demande qu’un arrêté
préfectoral tende à déclarer cet achat d’utilité publique.
Lors de ce même
Conseil est définie l’utilisation des salles de l’ex-gare : au 1er étage, un appartement ; au rez-de-chaussée dans l’ex-salle
des pas-perdus, le bureau des sports ; dans l’ex-salle d’attente 1ère classe, la salle de répétition pour les équipes théâtrales ;
dans l’ex-cour des voyageurs, un emplacement parking pour les fêtes locales ;
concernant le terrain à côté de la gare, au sud, aménagement d’un stand de tir
de 12 m sur une bande de terrain de 20 x 35 m ; au centre : 4 000 m² pour la
construction d’une salle des fêtes avec les dégagements nécessaires ; au nord :
2 000 m² environ de terrains disponibles pour l’implantation d’une piscine.
Le
classement de l’ancienne voie de chemin de fer en voie publique est réalisé en
septembre 1971 suite à une enquête publique,
pour permettre une réglementation de la circulation, notamment en ce qui
concerne les poids lourds, dont la circulation rue Nationale pose de sérieux
problèmes.
En
2001, les ateliers municipaux qui occupaient
des bâtiments peu esthétiques construits derrière la gare, sont transférés
Route de Blois. Ils sont actuellement utilisés par des associations locales. En
2002, les deux salles du rez-de-chaussée sont rénovées en 3 salles utilisées
par les associations, ainsi que les salles de l’étage.
En
mars 2004, les terrains sur lesquels
étaient construits les anciens locaux de la gare des marchandises et de
l’ex-Union ont été vendus et les bâtiments démolis. L’espace est maintenant
occupé par des espaces commerciaux et des logements, aménagés autour d’une
place ouverte.
L’évolution de ce
secteur de la commune, en 140 ans, est spectaculaire. S’il a permis
l’agrandissement de l’espace urbain, un environnement paysager ouvert et
agréable a su être aménagé et préservé. La végétalisation récente de
l’esplanade de la Salle des fêtes et l’agrandissement du parking permettent un
cadre bucolique agréable pour l’organisation des fêtes estivales locales comme
la Fête du Pain ou le festival de bandas Festi’D’Lyre.
Sources :
- Registres des délibérations municipales
de Cour- Cheverny de 1850 à 2010
- Gérard Bardon : Il était une fois Les
Tramways et trains de Sologne au début du XXe siècle -
CPE Editeur 2001.
Remerciements : Simone Meuvel- Daridan,
Maryse Nicolle, Alain Thomasson.
Françoise Berrué - La Grenouille n°40 - Juillet 2018
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de nous donner votre avis sur cet article, de nous transmettre un complément d'information ou de nous suggérer une correction à y apporter