La famille Janichewski
Au
XIXe siècle,
on rencontrait peu d’habitants d’origine étrangère en Sologne. La présence à
Lamotte-Beuvron, puis à Cheverny d’une famille aux racines polonaises
constitue donc une situation exceptionnelle, comme nous le précise Marie-Christine
Jourdan, auteure d’un livre publié en octobre 2018 dans lequel elle relate
l’histoire de ses ancêtres depuis leur arrivée dans notre pays (1).
Marie-Christine Jourdan, petite fille de
Raymond Janichewski
En novembre 2018, Marie-Christine Jourdan
a séjourné une semaine à Cheverny à l’invitation de la municipalité à
l’occasion du centenaire de l’armistice de 1918 qui mettait un terme à la
Première guerre mondiale. Elle est venue rendre hommage à son grand-père,
Raymond Joseph Janichewski, mort pour la France en 1914, et dont le nom figure
sur une plaque apposée en l’église de Cheverny parmi 37 enfants de Cheverny qui
ont donné leur vie pour leur pays.
Durant quatre jours Marie-Christine
Jourdan a rencontré les élèves des écoles de Cour-Cheverny auxquels elle a pu
raconter l’histoire de sa famille venue de Pologne. À partir de ses écrits, La
Grenouille s’est attachée à évoquer l’enracinement de la famille
Janichewski à Cheverny entre 1816 et 1917, soit durant plus d’un siècle...
Le premier Janichewski s’installe en
France - Grégoire Jean Janichewski, né
en 1782 en Pologne russe, était cuisinier au service du comte Mostowski,
ministre polonais. Réfugié politique en 1806, le comte s’installe en France
dans une propriété qu’il achète à Lamotte-Beuvron. Grégoire Jean Janichewski
le suit dans son exil. Il se marie en 1809 avec Marie Rosalie Féron, « valet de
chambre » au château.
Vers 1816, le couple, qui a quitté
Lamotte- Beuvron l’année précédente, s’installe à Cour-Cheverny. Grégoire est
déclaré comme journalier et se fixe définitivement à Cheverny en 1826 où il
exerce la profession de jardinier au château de Cheverny. La famille est logée
dans une dépendance du château, l’ancien grenier à sel face à l’église.
Grégoire Jean décède en 1850. Il eut sept
enfants avec sa première épouse Marie Rosalie, qui, elle, décède en 1835. Il
n’eut pas d’enfant avec sa seconde femme, Sylvine Vincent, qu’il épousa à
Cheverny en 1838.
Plusieurs générations de Janichewski se
succèderont alors à Cheverny jusqu’à la guerre de 1914-1918.
- Grégoire Gaspard, fils aîné de Grégoire Jean, est né en 1810 à Lamotte-Beuvron.
Comme son père, il devient jardinier au château de Cheverny. En 1833, il
épouse à Cheverny Julienne Moreau, cuisinière au château. Le couple, qui eut
quatre enfants, vécut également dans une partie de la maison de bourg occupée
par les parents de Grégoire Gaspard.
- Alfred Raymond Janichewski (1842-1917) était le fils aîné de Grégoire Gaspard et de Julienne
Moreau. En 1865, il s’engage à l’école impériale de cavalerie de Saumur. Il en
sort en 1867 et est affecté au 1er Régiment du Train des Équipages. Il est envoyé en Algérie de
1867 à 1868, puis participe à la guerre contre la Prusse de septembre 1870 à
mars 1871.
Après sept années de service militaire,
qui prennent fin en 1872, Alfred Raymond Janichewski devient couvreur à
Cheverny : il est alors le seul à être assez téméraire pour monter sur le toit
du clocher de l’église pour réparer la toiture...
Il se marie à Cheverny en 1872 avec Rose
Masiou, cuisinière au château, qui possédait un don de guérisseuse. Ils auront
cinq enfants, dont Raymond Joseph, né en 1881 à Cheverny.
- Raymond Joseph Janichewski était charron.
Il apprend ensuite le métier de carrossier
à Neuilly-Plaisance et s’installe en Région parisienne. Il aura trois épouses
et quatre filles, suite à deux veuvages.
Le 1er août 1914, à la déclaration de guerre, Raymond Joseph est marié
avec Virginie (depuis 1909) et exerce la profession de carrossier à son
compte. Le couple habite Le Perreux, en Région parisienne. Raymond Joseph est
mobilisé le 2 août 1914.
Marie-Christine Jourdan nous rappelle que «
tous les hommes âgés de 21 à 45 ans sont incorporés. Les femmes restent seules
à faire tourner la maison ou la ferme avec parfois la charge des vieillards et
des enfants en bas âge ».
Raymond Joseph est blessé au combat dans
les bois de l’Argonne. Il meurt du tétanos le 3 octobre 1914 à l’âge de 33 ans.
Il laisse cinq orphelines dont Rose Germaine Janichewski, née en 1910. Elle est
la mère de Marie-Christine Jourdan, née en 1949. Le livre qu’elle a publié en
2018 « De la Pologne à la Sologne » retrace en détail l’épopée des
nombreuses fratries de la famille Janichewski depuis l’arrivée en France de
Grégoire Jean en 1806.
J.-P. T. ■
(1) Sources : Marie-Christine
Jourdan «
De la Pologne à la Sologne » Éditions
Ecritorium 63800 Cournon
d’Auvergne - 2018
- Réédition 2021 - 208
pages.
Pour
vous procurer le livre :
Marie-Christine
Jourdan, 3
Allée des Géraniums - 48300
Langogne
Tél.
04 66 69 14 19 - portable
: 06 41 86 44 46
mcr.jourdan@gmail.com
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