L’horloge de l’église de Cour-Cheverny

Les informations concernant l’histoire de l’horloge de l’église de Cour-Cheverny ont été communiquées en 1994 par René Mollinger, alors horloger, bijoutier, photographe, installé place Victor Hugo à Cour- Cheverny. Il avait écrit ce texte en 1951 à l’occasion du centenaire de l’horloge qui avait été bénie le 23 novembre 1851. Le célèbre horloger Wagner fabriqua cette horloge dans son entreprise de Paris créée en 1790. Il apporta très rapidement de nombreuses innovations aux horloges d’édifices publics qu’il construisit et devint vite un spécialiste reconnu.

René Mollinger relate l’historique :
«Témoin des heures de la vie familiale, elle a, du haut de son campanile, rythmé le cours de la vie de la grande famille paroissiale ; il m’a paru juste de ne pas laisser dans l’oubli ce centenaire, et d’évoquer les heures mémorables dont elle fut témoin durant ces cent années.

L’horloge naquit le 22 avril 1851
Ce jour-là, l’abbé Jean-Louis Picault, curé de la paroisse, faisait part à Jean Touchain, maire de Cour-Cheverny et à son conseil municipal, de ce qu’un mécène anonyme offrait à notre église une horloge dont le cadran devait être placé au dessus du grand portail, dans cette partie de l’église qui date du XIIe siècle. Il consacra à ce don une somme de 1 000 Francs, plus 200 Francs pour les frais d’installation. Le don fut accepté.
L’horloger Wagner fabriqua cette horloge. Il vint à Cour-Cheverny pour examiner l’emplacement et dresser les plans de l’installation.
Suivant le vœu du Conseil de fabrique (1), et pour faire honneur au cadran, on restaure le campanile qui date du XIIe siècle et on le surmonte d’une grosse boule. On restaure le pignon de la façade et on place une croix de pierre au sommet.
Les frais d’installation de l’horloge et de sa sonnerie s’élevèrent à 370 Francs.

L’Horloge fut bénie solennellement le 23 novembre 1851, en la fête de Saint-Aignan, patron de la paroisse, en même temps que le pont dit de la Gendarmerie (2), fruit d’une souscription locale.
Puisque tous les habitants assistaient à cette cérémonie, à l’issue de la grand’messe, le clergé, précédé des confréries de la paroisse avec leurs bannières, suivi des autorités locales et de toute la population, se rendit en cortège bénir le pont. Au retour, il bénit l’horloge. Dans son allocution, il annonça que le généreux donateur était Jean-François de Salles Dargnies (3). Notre horloge est une belle pièce aux dimensions respectables, comme il était de mode à cette époque, longue de 96 cm, large de 46 cm, son balancier mesure un mètre et bat la seconde, son oscillation a une longueur totale de 16 cm, la hauteur de chute de ses poids est de 10,30 m. Elle possède une réserve de marche de 6 jours. Sa sonnerie se fait sur la grosse cloche par une longue transmission allant du campanile au clocher.

Un peu de statistiques En un siècle, son balancier a parcouru 504 907,776 km, ses poids ont gravi une hauteur totale de 62 km 699, sa grande aiguille a parcouru autour de son cadran 2 751 km 814. Les horlogers qui surveillaient sa marche depuis cent ans ont gravi combien de fois l’équivalent de la Tour Eiffel ?
Sur l’un de ses montants est fixée une plaque portant gravée la mention suivante: Agner horloger mécanicien, rue du Cadran à Paris. Depuis son installation, elle a toujours fonctionné sans autre accident grave que l’arrêt de sa sonnerie en 1915. Les dates de ses réparations ne figurent sur aucun document. On ne peut rappeler que celles qui ont laissé des traces comme les trois dernières :
- en 1875, le conseil municipal vote un crédit de 40 Francs pour le nettoyage ;
- en mai 1921, un horloger du pays remet l’horloge en état et principalement la sonnerie qui est bloquée depuis 1915 ;
- en juillet 1944, un horloger du pays remet la sonnerie en marche encore une fois, elle était arrêtée depuis plusieurs années, et le cadran est refait par un menuisier : M. Baulinet.

Notre horloge a vu passer au pied de son cadran des personnages illustres:
- Horace Vernet, peintre qui fit la Galerie des batailles au château de Versailles ; il est venu restaurer aimablement un tableau de l’église alors qu’il séjournait chez des amis à Cour- Cheverny en 1873.
- Le général de Sonis, en 1874, héros de l’armée de la Loire est venu se recueillir dans l’église.
- Le Peintre Renouard est né peu de temps avant l’installation de l’horloge dans une maison proche de l’église.
- Le général Gouraud en octobre 1924 vint assister aux fiançailles du marquis Philippe de Vibraye.
- Le général Weygand, le 23 octobre 1937, vint participer à une chasse à courre...

Nous terminons ce texte par le souhait émis par l’abbé Picault lors de son discours inaugural de l’horloge : “Que cette horloge ne marque jamais que des heures de paix, de tranquillité et de bonheur pour toute la commune et pour s es habitants” ».

De nos jours, une maintenance annuelle est assurée par les Établissements Gougeon de Villedomer (Indre et Loire), créés en 1988 : artisan campaniste spécialiste de la protection contre la foudre, des cloches et des cadrans d’horloges pour les églises, les mairies et monuments historiques. Le contrat assure une révision complète : l’entretien de l’appareil de mise en volée, de l’appareil de tintement, du cadran et de l’horloge extérieure.

F. B.

Sources : - René Mollinger : horloger, bijoutier, photographe, installé à Cour-Cheverny, à l’emplacement de l’actuelle pharmacie. - Registres des délibérations du Conseil municipal de Cour-Cheverny.
(1) Conseil de fabrique : voir « Les grandes heures de Cheverny et Cour-Cheverny en Loir-et-Cher », Édition « Oxygène Cheverny » - 2018 - page 162.
(2) Actuellement le pont de la rue Félix Faure.
(3) Monsieur Dargnies Saint-Marie a été conseiller municipal de 1843 à 1852. Il possédait à Cour-Cheverny la propriété « Le Pommier de Pin ».

La Grenouille n°55 - Avril 2022








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