L’histoire
de la construction et les aménagements successifs
L’église de
Cour-Cheverny était vraisemblablement, à l’origine, une église de monastère
construite par les moines réguliers de l’abbaye de Bourgmoyen de Blois (diocèse
de Chartres) au XIIe s. (lire les développements sur l’implantation de ces moines
réguliers et la construction de l’église dans le numéro 35 d’avril dernier).
L'église Saint-Etienne |
L'église Saint-Etienne |
Le caquetoire |
Qu’en est-il de l’église Saint-Étienne de Cheverny ?
L’église actuelle a été, elle aussi, construite à partir du XIIe siècle, époque à laquelle elle est rattachée à l’abbaye de Bourgmoyen de Blois (1).
Nous savons, par les historiens, que la première mention connue concernant le bourg de Cheverny remonte au VIe s. : « Condida (cité) cabrinacencis » (1). À l’époque carolingienne, la Gaule était divisée administrativement en Pagus (ou comtés), condida (cité) ou vicaria (plus tard viguerie) et villa. Fréderic Lesueur nous indique que Cheverny était le chef-lieu d’une vicaria carolingienne (2). J-F Niermeyer (3) donne aussi à vicaria un autre sens : celui de vicaire ecclésiastique. De fait, à partir du milieu du Xe siècle, les circonscriptions ecclésiastiques (paroisses) sont occasionnellement utilisées pour localiser la viguerie (devenue circonscription judiciaire au Moyen-âge) et la villa. À partir de la seconde moitié du XIe siècle, le diocèse va désormais se substituer définitivement au pagus et au comté comme référent géographique et les lieux vont être localisés uniquement par rapport à leur diocèse d’appartenance.
L’église a été construite sur l’emplacement d’une église préromane
Ces développements historiques nous permettent ainsi de comprendre que l’église actuelle (qui a par la suite subi de nombreuses transformations) a été construite au XIIe siècle sur l’emplacement d’une ancienne église préromane : la maçonnerie de la base du clocher et surtout une petite baie bouchée bien visible en partie ouest de la façade nord apparaissent, en effet, comme les restes de constructions préromanes. Le portail est, lui, du XIIe siècle, en plein cintre, orné de dents de scie, de chevrons et d’un tore (4). La tour du clocher semble être elle aussi de la même époque, du moins dans sa première partie. À l’origine, la plupart des églises ne comportaient qu’une nef dont la voûte était en torchis avec entraits et poinçons de charpente apparents.
C’est au XVIe siècle, alors que les bourgs se développent autour des villes royales, (en l’occurrence Blois) et que le nombre de paroissiens augmente, que de nombreuses églises sont transformées et agrandies.
Les transformations et agrandissements du XVIe s.
À Cheverny, les travaux sont importants : le chevet plat, les deux travées de voûtes du choeur, le bas-côté sud et ses baies et, (ce qui fait la particularité de l’église) la galerie extérieure en bois (que l’on nomme caquetoire) à l’ouest et retour au sud. Pour la couverture, les travaux sont ainsi décrits : « La pente du toit, fortement accentuée sur la nef recouvre une voûte en plein cintre de forme ovoïde faite de lattes et mortier d’argile mêlé de poil de vache et d’un peu de chaux avec finition à la chaux blanche... ». Idem pour le bas-côté (la voûte d’origine de la nef a donc été reprise : voir photos et croquis ci-contre).
C’est aussi à cette époque qu’une chapelle seigneuriale est aménagée sur le côté sud du choeur, à l’emplacement de l’actuelle sacristie. Lors de la Révolution française, la Convention ordonne, en mai 1792, la destruction systématique de tous les symboles de l’ancien régime et c’est en 1793 que la chapelle seigneuriale de Cheverny est détruite, les plaques funéraires et les tombes brisées et les ossements dispersés.
Ce n’est qu’en 1825, après le retour du château dans la famille, que Anne-Victor Hurault rassemble les morceaux épars des plaques funéraires et les fait disposer autour de la chapelle de la Vierge où ils se trouvent encore actuellement (à droite du choeur, sur le bas-côté ouest).
Les transformations du XIXe s.
C’est au XIXe siècle que les voûtes en torchis et la charpente apparente de la nef et du bas-côté ouest sont cachées par des voûtes d’ogives et briquettes, hourdées au plâtre et recouvertes d’un enduit décoré d’un faux appareil. Les appuis des baies du XVIe s. sont remontés. C’est ce que nous pouvons voir aujourd’hui.
Les gros travaux de réfection et de consolidation de la nef
Dans les derniers mois du XIXe siècle, de gros travaux apparaissent nécessaires. Ils concernent le mur est et la toiture de la nef. Sur proposition du Conseil de Fabrique qui indique pouvoir en assurer le financement (6461,08 francs), un avis favorable est donné par une délibération du Conseil municipal de la commune du 25 décembre 1898. Les entreprises étant choisies par adjudication au « moins disant », le bureau des Marguilliers (Conseil de Fabrique) adjuge (PV d’adjudication du 23 juillet 1899) le lot maçonnerie au sieur Guignebert de Cour-Cheverny, le lot charpente au sieur Guérin de Blois et le lot plâtrerie au sieur Duru de Cour-Cheverny. Les travaux sont effectués dans les premières années du XXe s.
La
réfection du clocher
Parmi les
derniers grands travaux effectués sur l’église figurent la réfection de la
charpente et le remplacement des ardoises du clocher.
C’est en
novembre 1976 et au début de l’année 1977 que les travaux sont effectués.
Malgré la
subvention de 25 % des Monuments de France et la collaboration du Conseil
général, la moitié du coût des travaux restait à trouver. La commune, dont le
maire était à l’époque Louis Pezé, ne pouvant pas assumer le reste de la
dépense, la solution vint du marquis Philippe de Vibraye, propriétaire du
château de Cheverny, qui insista pour que les travaux soient réalisés et
proposa de couvrir personnellement la partie de la dépense qui restait à la charge
de la municipalité. Malheureusement, le marquis Philippe de Vibraye, décédé le
26 juin 1976, quelques mois avant le début des travaux, ne verra pas le clocher
restauré.
Sur le
montant total du devis (103 000 F.), les entreprises consentirent des remises
importantes et la participation du château sera versée intégralement par
Madame de Vibraye. Cela permit de fixer un paratonnerre au sommet de la
flèche.(5)
Les combles au-dessus de la voûte du XVIe siècle |
À suivre :
une seconde partie sera consacrée à l’intérieur de l’édifice.
(1) J. M.
Cassagne : origine des noms de villes et de villages.
(2) Docteur
Frédéric Lesueur : les églises de Loir-et-cher – Archives départementales.
(3) J. F.
Niermeyer : Mediae latinitatis lexicon minus...
(4) Moulure
épaisse de forme semi cylindrique.
(5) Archives
Nouvelle république du Centre Ouest 1977Le Héron - La Grenouille n°37 - Octobre 2017
L'entrée de l'église par le caquetoire |
L'entrée principale de l'église de Cheverny |
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