Cette chanson, écrite par Henri Lecomte, a été publiée en deux
parties : la première en 1930 sous forme d’un feuillet plié en deux qui
contenait 8 couplets et un refrain.
1er couplet
Tout près
d’l’église, just’ devant
Y a
l’hôtel des Trois Marchands L’patron est très rigolo
Tout
l’monde l’appel’ Jacqu’ Bricault Mais sa
dam’ un beau matin
Ayant
perdu son lapin
Bébert dit :
c’est p’t’ êt’ un tour
Qu’il est
parti fair’ dans l’bourg ... .
|
- Jacques
Bricault :
fondateur
de l’Hôtel- Restaurant pendant la Première Guerre Mondiale et qu’il a tenu
jusqu’en 1945. Son fils Jean lui succède puis son petit-fils Jean-Jacques
(Les Trois Marchands).
- Bébert : Albert
Baron, enfant de l’Assistance qui, à 8 ou 9 ans, vint demander du travail à
Jacques Bricault. Son fils Jean demanda à son père de ne pas laisser cet
enfant à la rue. Il fut embauché comme « vaque-à-tout » de l’hôtel
restaurant.
|
Refrain
Tous les
pompiers l’ont dit à la bouchère
Et la
bouchèr’ l’a dit au boulanger
Le
boulanger l’a dit au secrétaire
Le
secrétaire l’a dit au charcutier
Le
charcutier l’a dit au chef de gare
Le chef
de gare l’a dit au père Bouju
Le père
Bouju l’a dit à la fanfare
Et c’est
comm’ça que tout le mond’ l’a su.
|
|
2ème couplet
On voit
aussi tous les jours
Les
habitués faire leur tour
On y
rencontr’ Marionnet
Modèle de
sobriété.
C’est là
qu’est le rendez-vous
D’ Barillet,
Choquel, Pilboue
Et d’un quatrième
champion
Qui
s’refuse à dir’ son nom...
|
-
Marionnet : courtier en vins à Cour-Cheverny, rue Barberet.
-
Barillet : courtier en vins
- Choquel
: tonnelier, place de la mairie.
- Pilboue
: plâtrier, habitait Boulevard Munier.
-
Quatrième champion : le quatrième partenaire était souvent M.
Richard : assureur (mari de la sage-femme, elle était aussi herboriste).
|
3ème couplet
Tous nos
peintr’ assurément
Sont des
vrais du bâtiment
Ferriol dans ses
distractions
S’occupe
des ondulations
Clément l’premier
des coiffeurs S’contente de rester raseur
Jules un vrai
d’la République
Ne s’mêle
jamais d’politique...
|
- Ferriol
: coiffeur (avant Annette Guy).
- Clément
: coiffeur et sabotier (36 rue Nationale).
- Jules
Rigny : « Homme de confiance » et chargé du bon fonctionnement du
domaine de Chantreuil. Il était palefrenier et cocher, puis quand les
chevaux ont été vendus, il devint chauffeur de Madame La marquise de Vibraye,
il conduisait la Hotchkiss.
|
4ème couplet
Un’ maison
à la hauteur
C’est Lemoine,
roi d’la liqueur.
Liég’ notaire
très bien, très chic
N’est pas
le parent d’Oustric.
Not’ pays
un bon matin
S’est
trouvé sans sacristain (1)
Chantôme qu’est un
débrouillard Voudrait dev’nir chef de gare !...
|
- Lemoine
: liquoriste et marchand de vins (avant La Vinicole) Remplacé par
Delhomme.
- Liège :
notaire bld.Munier. Il accompagnait les choeurs à l’église lors
des cérémonies.
-
Chantôme : jouait de l’harmonium. Sa fille prit la suite et dirigeait le
choeur des jeunes filles qui chantait à la messe. Elle était institutrice à
l’école privée.
|
5ème couplet
L’magasin
l’mieux assorti
C’est Guilpain
sans contredit.
Lecomte va sur
les marchés
On
n’l’entend jamais causer
Ce sont
aussi deux coincheurs
Y en a
qui disent deux v ......
Surtout
faites bien attention
Quand
c’est L’comte qui tient l’crayon...
|
-
Guilpain : tabac, journaux, mercerie, marchand de tissus, confection
(actuel Tabac- Presse).
- Lecomte
: Marchand de tissus (actuel « Le Bistrot »).
et auteur
de cette chanson.
-
Coincheurs : joueurs de cartes, « la coinche », c’est Lecomte qui comptait
les points. Lecomte avait la réputation d’être roublard et n’aimait pas
perdre au jeu. Alors peut-être trichait-il sur les points ? (deux v pour...).
|
6ème couplet
A
l’honneur tous nos pompiers
Qui
s’sont jamais incendiés.
Un jour y
avait l’feu, pas d’chance,
Ils ont
oublié la lance ...
Un’ aut’
fois, c’est rigolo
Y avait
des tuyaux en trop
Ils ont
tout d’suite sans s’en faire Eloigné l’lit d’la rivière...
|
|
7ème couplet
A Cour,
un jour d’expérience,
D’une
moto-pompe multilance,
Ouvrard mal
équilibré
Par le
jet fut renversé.
Tous nos
conseillers furent pris
Pour des
foyers d’incendie
L’inventeur,
n’en parlons plus,
Partit
sans avoir vendu
|
- Ouvrard
: bourrelier, 66 rue Nationale. Il était aussi Tambour de ville et
faisait les annonces publiques. Il faisait partie de la troupe de théâtre et
ne savait pas souvent son rôle ou n’avait pas bonne mémoire !
Il était
aussi pompier volontaire. Lors de l’essai pour l’achat d’une moto-pompe, ce
fut un fiasco, et le vendeur ne fit pas affaire.
|
8ème couplet
Nos
forains pour nous distraire
On fait
un marché prospère
Ici
disent quelqu’ prétentieux
Ils
f’raient mieux d’rester chez eux.
Un
d’ceux-là, un jour en r’tard
Etait
resté dans l’placard
L’ami Mage
pendant c’temps-là
Avait
enfermé Cora....
|
- Mage : ?
|
En 1937 ou 1938, l’auteur publia une suite à la chanson de 1930 : les couplets 9 à 16.
9ème couplet
Quelle
est la meilleur’ voiture
C’est la
Renault j’vous l’assure
Chez
Renault, nous dit Girault
C’est
leur camion qui prévaut,
Mais Bray
l’garagiste du coin
Dit les
Peugeot les valent bien
Richard, un type
épatant
Préfère
les voitures Denfant...
|
- Girault
: garagiste Citroën puis Renault (actuel Garage Beaugrand).
- Braye :
garagiste.
- Richard
: assureur, 94 rue Nationale. Mari de la sage-femme, il la
véhiculait pour assurer les accouchements à domicile. C’est dans cet esprit
qu’il est précisé dans le texte :« Il préfère les voitures d’enfant ».
|
10ème couplet
Pour un
vrai métier d’cochons
Nos deux
charcutiers en sont
Salmon faisant
sa pot bouille
Dit : moi
j’suis roi dans l’andouille. Genier s’écrie : nom d’un chien
Moi j’la
fais aussi très bien
Lesage qui est
un malin
Fait
l’andouille de chez Potin...
|
- Salmon
: charcutier, 67 rue Nationale.
- Ernest
Genier : charcutier (actuel Boireau), 57 rue Nationale.
- André
Lesage : épicier, tenait le Magasin Félix Potin, 53 rue Nationale (actuel
Jolly’Fleurs).
|
11ème couplet
Nos
bouchers disent y a pas d’vice Tant qu’on n’triple pas l’bénéfice.
Frison dit dans
ses calculs
Faut
jamais faire de cumuls.
L’garde
champêtr’ qu’est pas manchot
Va
démissionner bientôt,
Car on
dit qu’sur le marché
Il gagne
plus qu’not’ député...
|
- Frison
: 55 rue Nationale. Responsable de la Régie, il vendait du tabac
et il encaissait les emplacements sur le marché. De par son métier, il était
peu apprécié par les courchois au dire des commerçants.
|
12ème couplet
Nos
pâtissiers pour s’débattre
Nous
lancent des babas, des tartes
Ils
mettent crème et oeufs en l’air,
À la
vitesse d’un éclair.
Pour la
radiodiffusion
Courtillat
fait pas d’façon
Et s’il
prend la pile tout l’temps
C’est
qu’il est très au courant...
|
-
Courtillat père : serrurier puis fils : électricien, 58 rue Nationale.
|
13ème couplet
]’connais
dans la ville de Cour
Un gars
qui joue du tambour
Il cogne
dessus c’vieux Charlot
Sans
jamais crever la peau.
]’crois
qu’il est d’la baguette
Et aussi
des castagnettes
C’est un
homme de lettr’ connu
Dans
l’pays tout l’monde l’a vu...
|
- Charlot
: Charles Ouvrard, facteur, mais aussi tambour de ville,
bourrelier.
|
14ème couplet
D’Paris
est v’nu juste à temps
Un’
musicienne de talent
Son mari
s’plaît à nous dire
Pour
boire y a pas besoin d’lyre
Pour
porter l’tablier blanc
Pas
besoin d’autant d’talent
Un qui
l’porte tout l’monde l’a vu
Serait
mieux derrière une charrue.
|
|
15ème couplet
A Cour
nos poul’ sont sans plumes Paraît qu’c’est d’la faute à Blum. Germain et
d’autr’ en trouvent bien Pour écrire sur leurs voisins
De l’avis
d’nos deux docteurs
L’auteur
n’est plus un farceur
D’puis
qu’Bellangier adressa
Une dose
d’anti-vers sauba...
|
- Germain
: correspondant pour un journal de Blois.
- deux
docteurs : Branchu et Montagne.
-
Bellangier : pharmacien, 44 rue Nationale.
|
16ème couplet
Maint’nant
Mesdames. et Messieurs
Si vous
avez mal aux ch’veux
Allez
vite faire un p’tit tour
Au
terrain sportif de Cour
Au
football vous pourrez jouer
Courir et
vous entraîner
Mais
n’chantez pas cette chanson
|
Merci à Françoise Berrué pour avoir coordonné les recherches auprès de Georges Berrué, Bernard Billot, Charles Rigny, Jean-Jacques Bricault, Jean-Louis Bricault, Mme Brunet-Juteau, Mme Génies. Merci à Françoise Hubert pour les compléments fournis : ce fut un véritable travail d’équipe....
La Grenouille n°32 - Juillet 2016
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de nous donner votre avis sur cet article, de nous transmettre un complément d'information ou de nous suggérer une correction à y apporter