Bachod de l'Ébat

Nous avons, dans un précédent numéro de La Grenouille, commencé une série d’articles sur les terres et seigneuries du Blaisois situées plus particulièrement sur le territoire de nos deux communes et dont les seigneurs ont participé aux États généraux de Blois de 1789 dans le collège de la Noblesse. Après le château de Beaumont et la famille Guérin de Beaumont, voici l’histoire des Bachod de l’Ébat de Cheverny.

L'Ébat à Cheverny

La saga de la famille Bachod
La famille « de Bachod », originaire du Bugey, a fait souche en Savoie, en Franche- Comté et dans le Blaisois. Elle doit sa noblesse à François Bachod, docteur en droit, qui fut créé chevalier le 16 avril 1536 et comte palatin le 8 août 1542, par lettres de l’empereur Charles Quint. François de Bachod fut ensuite grand dataire de sa sainteté, évêque et prince de Genève en 1556, et nonce du pape en Savoie. Par les lettres précitées de 1542, Charles-Quint anoblit en même temps Claude Bachod le Vieux, Claude Bachod le Jeune, Jean et Benoit Bachod, frères du futur évêque de Genève, et encore Jean, Jacques et Baptiste Bachod, ses cousins. Le 24 septembre 1566, Emmanuel-Philibert, duc de Savoie confirma, sur requête, les lettres de noblesse de 1542 et anoblit, en tant que de besoin, François Bachod, évêque de Genève, Louis Bachod, son neveu, né à Rome, fils de feu Claude le Vieux. 
La famille « de Bachod » a formé diverses branches qui se sont éteintes, à l’exception de celle de Lesbat, encore représentée par les femmes. 
La branche des « Bachod de Lesbat », dans le Blaisois, est issue de Claude Bachod le Vieux, frère de l’évêque de Genève. Elle a produit un secrétaire du roi, des conseillers au bailliage et siège présidial de Blois, un maire de ladite ville (1). 
Les armes des Bachod sont "d'azur 
à une montagne de trois pointes d'or,
surmontée d'une étoile de même en chef,
accostée de deux croisettes d'argent
avec une aigle d'or pour cimier"
Les Bachod de l’Ébat du Blaisois 
C’est Antoine Bachod, descendant de Claude Bachod le Vieux et originaire de Parey en Bresse, qui s’installe le premier dans le Blaisois. Son fils, Claude Bachod de l’Ébat, se marie en 1640 avec Anne Fortin et achète à la même époque la métairie de l’Ébat, située à Cheverny, à Jacques Bellay, médecin du roi (cf. compromis du 28 décembre 1640 ou Claude Bachod est mentionné comme « valet de chambre du défunt sieur de Cheverny » (il s’agit de Philippe Hurault mort en 1640, l’un des enfants du comte de Cheverny Henri Hurault). La famille s’est appelée « de l’Ébat » après l’achat de la métairie par Claude en 1640 car, bien que nobles par leurs ancêtres, les Bachod du Blaisois n’utilisaient pas la particule « de ».
Anne Fortin est la fille d’Étienne Fortin, mentionné dans un acte du 29 mai 1616 comme « homme de chambre de monsieur L’Ébat à Cheverny ». 
À noter que Henri Hurault et sa soeur Anne, enfants du comte de Cheverny, sont les parrain et marraine de Anne Fortin lors de son baptême le 25 Avril 1620. 
Les familles Bachod et Guérin sont, bien qu’à leur service, très proches des Hurault. C’est ainsi que le comte Henri Hurault remet à François Bachod et à son épouse Anne Guérin le reliquat de 3 000 livres représentant la seconde moitié de la rente constituée par son fils Philippe avant son décès et à leur profit. De même, il leur donne en 1647 « Le lieu et mestairie de Talvittiere size en la parroise de Cours lez Chiverny... » (jouxtant et rattachée à l’Ébat par la suite) (2). 
Le fils de François Bachod de l’Ébat, né en 1647, épouse en 1674 Louise Gombault. Ils ont un fils (encore et toujours) prénommé François, qui naît en 1675 et se marie en 1699 avec Marie Barbou qui lui donnera deux enfants : François, né en 1705, et Henry. 

L’ascension de la famille 
Nous savons par la lecture du procès-verbal relatant sa mise en sépulture le 26 août 1746 (AD de Loir-et-Cher) en l’église Sainte-Solenne de Blois que ledit François Bachod de l’Ébat était « conseiller dignitaire du roi, maison couronne de France au conseil d’Artois, ancien lieutenant général au bailliage et Siège présidial de Blois ». Outre ses deux enfants, François (celui né en 1705), qui siège comme conseiller du roi au Siège présidial de Blois et Henry, Jacques Duillon, lieutenant général au bailliage et Siège présidial de la ville, à cette époque, assiste également à la cérémonie (3). Ce dernier document nous renseigne donc sur l’importance des fonctions que les membres de la famille Bachod avaient pris dans les institutions dirigeantes de leur province d’adoption. 
Le fonctionnement des institutions administratives de l’époque mérite quelques explications : le Blaisois, situé entre la Beauce, la Touraine, le Berry et l’Orléanais, était un des plus anciens et des plus nobles comtés du royaume. Robert le Fort le possédait en 861. Il passa depuis dans la maison de Thibaud de Champagne. Ses héritiers le vendirent en 1391 à Louis de France, duc d’Orléans, l’aïeul de Louis XII, qui le réunit à la couronne lorsqu’il devint roi. 
L’Orléanais, une « Généralité », (4) comportait quatre « bailliages ou sièges présidiaux » (juridictions en matière civile et criminelle), ceux de Blois (créé en 1551), de Chartres, de Montargis et d’Orléans qui ressortissaient au parlement de Paris. Les appels de la Généralité se portaient à la cour des aides de Paris. Les fonctions de lieutenant général et même de simple conseiller étaient des postes importants dans le système d’administration du royaume. 

Cerise sur le gâteau 
François Bachod de l’Ébat (celui qui est décédé en 1726) ne se contente pas d’être Lieutenant général du bailliage et présidial de Blois de 1713 à 1731, puisqu’il devient maire de cette ville de 1715 à 1717 avant la suppression des offices municipaux jusqu’en 1723 (5). Par lettre patente du 23 août 1722, le roi Louis XV dispensa François Bachod de l’Ébat et sa famille de justifier de leurs titres de noblesse. C’est finalement son fils, né en 1705, qui fera partie des électeurs de la noblesse représentés dans l’Assemblée générale des trois ordres, des baillages réunis de Blois et Romorantin, les 18 et 19 mars 1789 (6). 
François Bachod de l’Ébat (né en 1705) est le dernier représentant masculin de la branche blaisoise de la famille. En effet, de son mariage en 1733 avec Marie-Anne Françoise Drouin, naît, en 1735, une fille : Marie-Madeleine Bachod de l’Ébat, qui se marie en 1761 avec François Petit. Ils auront une fille, Elisabeth Petit qui, mariée en 1797 avec Gentien Alexandre Péan, aura une fille, Elisabeth Jeanne Péan née le 18 mars 1798. 

F. P.

(1) Histoire de Bresse et de Bugey, par Guichenon ; Dictionnaire de la noblesse de Lachenaye des Bois. Bibliothèque nationale, carrés de d’Hozier. 
(2) Cheverny : par le CDPA - patrimoine dans votre commune n° 53 P. 70. 
(3) Site internet philae. com - archives en lignes décès – sépultures – Blois. 
(4) Créées pour la gestion administrative de plusieurs comtés sous l’ancien régime (dont celui de Blois pour la Généralité d’Orléans), équivalent à peu près à nos Régions qui regroupent plusieurs départements. 
(5).Histoire de Blois par L. Bergevin. (6) Extrait du procèsverbal manuscrit, et du Tableau général de la noblesse, imprimé à Blois en 1789, publié à Paris en 1863, par M. L. de L. S. (de la Saussaye.) - Auguste Aubry, libraire. Broch. in-8° de 20 pages.

La Grenouille n°48 - septembre 2020


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