Le château de Cheverny à la Libération


Le château de Cheverny à la Libération
Le château de Cheverny avait créé une exposition temporaire en octobre-novembre 2018 à l’occasion du centenaire de l’armistice de 1918 (1).
Cette année, du 24 juin au 9 septembre, une nouvelle exposition retrace la période de la Libération sous l’angle particulier des événements liés au dépôt des oeuvres d’art du musée du Louvre au château de Cheverny.

La personnalité de Hans Haug, responsable des musées nationaux au château de 1941 à 1944, apporte un relief particulier à cette exposition qui est aussi dédiée à l’homme qui a empêché plusieurs fois l’occupation du château, et a probablement évité des représailles allemandes suite aux événements du 15 août 1944 relatés plus loin (2).
Dessinateur de grand talent, Hans Haug nous a livré par ailleurs des témoignages graphiques originaux sous son nom d’artiste : Balthasar.
J.-P. T.

1939-1946 : dépôt des musées nationaux
Le château de Cheverny à la Libération
L'exposition du 24 juin au 9 septembre 2019
Dès les premiers bruits de bottes en Europe, la direction des Musées nationaux élabore des plans d’évacuation des oeuvres d’art vers l’ouest et le sud-ouest de la France.
Le château de Chambord, par sa situation géographique et son imposante taille est choisi comme dépôt principal. Il est le lieu de rassemblement de tous les convois qui évacuent les oeuvres d’art des musées du Nord et de l’Est mais aussi de Paris.
Mis à disposition par le marquis de Vibraye dès 1939, le château de Cheverny est choisi pour sa situation éloignée des routes stratégiques et sa capacité à stocker dans ses nombreuses dépendances.
Le château de Cheverny à la Libération
 Charles-Antoine de Vibraye dans le bureau
reconstitué de Hans Haug à l'occasion
de l'exposition
En septembre 1939, le château reçoit près de 870 caisses provenant des départements des Antiquités grecques, romaines et orientales du musée du Louvre, du musée Camondo, de celui de Saint-Germain-en-Laye, et enfin de Cluny.
La gestion et la surveillance des caisses se font sous la supervision de conservateurs et de hauts fonctionnaires des Musées nationaux. En juin 1941, Hans Haug, alors conservateur des Musées d’Art strasbourgeois, est nommé à Cheverny après son expulsion de l’Alsace annexée par l’Allemagne.
Il y reste jusqu’à la Libération, en septembre 1944. Les derniers objets d’art sont évacués du château en avril 1946.

1941-1944 : le séjour de Hans Haug, responsable du dépôt
Le château de Cheverny à la Libération
 Le transport des oeuvres d'art
De juin 1941 à son départ en septembre 1944, Hans Haug est le directeur du dépôt des Musées nationaux au château de Cheverny. Il est assez confortablement logé au château avec son épouse. Jusqu’à 1944, aucun événement notable n’est à signaler, les difficultés de vie et d’approvisionnement en temps de guerre occupent son attention étant donné ses lourdes responsabilités de conservation et de surveillance d’un véritable trésor artistique et archéologique.
Le château de Cheverny à la Libération
 Le transport des oeuvres d'art
Dessinateur né, ambidextre, son aptitude l’aide professionnellement à réaliser des inventaires d’objets, voire des plans d’implantation de futures salles de musées. Mais c’est aussi un loisir et nombreux sont les dessins qui illustrent sa vision du monde.
À Cheverny, ses dessins sont un véritable journal de bord de sa vie de responsable d’un important dépôt des Musées nationaux.
Signées de son nom d’artiste, Balthasar, les vues panoramiques alternent avec les paysages, l’architecture et même les portraits de personnes rencontrées à qui il offrait souvent ses dessins.
Les scènes de genre en costumes d’époque complètent les illustrations d’événements comme ce programme de kermesse organisée au profit des prisonniers de guerre en 1942, des affiches ou des vignettes d’illustration pour des plaquettes ou des brochures.
Sa technique consiste en des croquis rapides réalisés à la plume et au lavis, parfois rehaussés de couleurs.

1944 : La libération du château
Le château de Cheverny à la Libération
Hans Haug et son épouse
devant la façade nord du
château de Cheverny
Lorsque le débarquement a lieu, le 6 juin 1944, la situation se tend soudainement dans la région et Hans Haug est assigné de façon permanente au château. Bien lui en prit, car sa parfaite maîtrise de la langue allemande sauve certainement le château de Cheverny d’une destruction totale. Les troupes allemandes se replient devant l’avancée des américains et traversent le département vers le nord-est.
Le 30 juillet 1944 déjà, des policiers de la gestapo française, à la recherche d’un résistant, pénètrent dans le château, commettent quelques vols et exactions et s’emparent du jardinier qui est relâché quelques jours plus tard. Le 13 août, le château manque d’être occupé par des troupes allemandes en retraite.
Mais c’est le 15 août que se produit l’incident le plus dramatique (3) : des résistants qui se sont introduits dans le parc du château tirent sur une voiture allemande tombée dans le fossé à l’angle de la route de Contres. En représailles, les allemands tirent sur le château, jettent des grenades dans les communs, pulvérisant la cuisine du chauffeur de M. de Vibraye qui n’a la vie sauve qu’en se protégeant derrière sa cuisinière... Hans Haug intervient alors. Avec peine, il parvient à calmer les esprits en s’exprimant en allemand.
Menacé de représailles qui auraient pu conduire à sa destruction et à la mort de ses habitants, le château de Cheverny échappe ainsi à un sort funeste grâce à Hans Haug.
Le château de Cheverny à la Libération
LETTRE DE PROTECTION
Paris, le 16 juillet 1944
Des biens précieux provenant des musées, propriété de l’État 
français et présentant un intérêt universel (“plus que national”) 
ont été mis à l’abri des attaques aériennes.
J’interdis par la présente toute utilisation militaire du bâtiment. 
Celui-ci ne doit servir ni au cantonnement ni à aucun autre usage militaire.
Il est également interdit d’entreposer des véhicules d’aucune 
sorte dans le parc ou dans les serres de la propriété.
Signé : Von Stulpnagel, général d’Infanterie.
Le 1er septembre, la dernière colonne allemande quitte la région... Le 2 septembre, les drapeaux sortent des maisons... La guerre est terminée à Cheverny.

Cette exposition a été conçue par Delphine et Laurent Mirouze, qui avaient déjà conçu et réalisé l’exposition temporaire de 2018.

(1) Voir le n° 41 de La Grenouille (octobre 2018).
(2) Voir les n° 5 et 6 de La Grenouille (octobre 2009 et janvier 2010).
(3) Voir le n° 5 de La Grenouille (octobre 2009).
(1-2-3) Voir le livre « Les grandes heures de Cheverny et Cour-Cheverny en Loir & Cher... et nos petites histoires ». Éditions « Oxygène Cheverny », novembre 2018. 

Le château de Cheverny à la Libération - Hans Haug
Dessin de Hans Haug (Balthasar) :
le village de Cheverny en 1944.
La Grenouille n°44 - Juillet 2019
Le château de Cheverny à la Libération - Hans Haug







Le château de Cheverny à la Libération - Hans Haug
Dessin de Hans Haug (Balthasar) :
l’orangerie du château de Cheverny.
Le château de Cheverny à la Libération - Hans Haug
Dessin de Hans Haug (Balthasar) :
l’orangerie du château de Cheverny.

Dessin de Hans Haug (Balthasar) :
la salle des gardes du château de Cheverny en 1941.
Le château de Cheverny à la Libération

Le château de Cheverny à la Libération
Le château de Cheverny à la Libération

Le château de Cheverny à la Libération

Le château de Cheverny à la Libération





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