Le Printanier, 40 ans de succès à Cour-Cheverny...

De nombreux Courchois évoquent sou­vent, avec gourmandise, le souvenir du fameux « Printanier » de la boulangerie Renault de Cour-Cheverny, comme en témoigne une de nos lectrices, elle-même experte en ce domaine : « Une pâtisserie peu épaisse, entre brioche et génoise, four­rée d’une crème type pâtissière très légère, avec un dessus croustillant, le tout avec un léger goût de noix de coco : en deux mots, le gâteau parfait… ». Et ceux qui ne pourront jamais déguster cette pâtisserie locale aujourd’hui disparue se contente­ront de lire cet article où nous retraçons son histoire…

La passion du métier
Le Printanier, 40 ans de succès à Cour-Cheverny...
La boulangerie Renault
Nous avons rencontré Marie-Louise Renault et Gérard Renard, un de ses anciens ouvriers pâtissiers, qui nous ont évoqué quelques sou­venirs de leur beau métier.

Marie-Louise Renault : « J’avais, dans ma jeunesse, appris le métier de couturière ; puis j’ai rencontré mon futur mari, boulanger, et nous avons tenu pendant quelques années une boulangerie à Nançay dans le Cher. Je voulais me rapprocher de mon pays natal, Romorantin, où habitaient mes parents. En 1956 nous avons racheté la boulangerie de M. et Mme Fourchault à Cour-Cheverny (1), au 53 rue Nationale (2). Nous avons tenu le magasin jusqu’en 1996 [soit plus de 40 ans…], et j’en garde de très bons souvenirs… Nous habitions au-dessus de la boulangerie, qui a toujours très bien fonctionné : mon mari se chargeait de la pâtisserie avec 2 apprentis et 2 ouvriers, 2 boulangers confectionnaient le pain (plus de 300 baguettes par jour, plus les gros pains, …), et moi-même, avec une vendeuse, vendions aux clients le pain, les viennoiseries, les gâteaux et bien d’autres choses… Je m’occupais aussi de la vitrine, et donnais souvent un coup de main pour la pâtisserie, notamment pour la confection des pièces montées. Nous avions également à notre service Josiane Tessier, qui pendant ces 40 ans a effectué les livraisons en porte à porte dans la campagne environnante avec notre 2 CV camionnette ».

Le Printanier, 40 ans de succès à Cour-Cheverny...
De g. à dr. : Nathalie Bausier, Marie-Louise Renault
et Liliane Beaufils en juillet 1991
Gérard Renard : « Très jeune, j’aimais faire de la pâtisserie, et j’ai eu rapidement l’envie de quitter l’école pour apprendre un métier. C’est ainsi que j’ai obtenu à 17 ans mon CAP de boulanger pâtissier à Blois et que j’ai ensuite été embauché en 1969 chez M. et Mme Renault ».

Le Printanier, 25 ans plus tard, on en parle encore !


Nous avons voulu en savoir plus sur le fameux Printanier créé par Gérard peu de temps après son embauche à la boulangerie, et auquel Claude Renault a donné ce nom.
Le Printanier, 40 ans de succès à Cour-Cheverny...
 L'intérieur de la boulangerie Renault en juillet 1991
On nous avait dit que ce gâteau ressemblait à une tropézienne (3), mais Gérard Renard refuse cette assimilation : « Le Printanier n’avait rien à voir avec une tropézienne ! », mais nous n’avons pas pu en savoir beaucoup plus… Gérard souhaite garder secrète sa recette, entretenant ainsi le mystère autour de cette célébrité locale… Il nous a seule­ment précisé qu’il avait créé cette pâtisserie en associant plus ou moins deux recettes, mais sans nous dire lesquelles… Tout juste avons-nous pu apprendre que le Printanier comportait en surface une sorte de crumble à base de noix de coco…

M.-L. R. : « Cette pâtisserie a rapidement eu du succès dans la commune, puis aux alentours : on venait des villages voisins, de Blois, et de plus loin encore. Attirés par la qualité mais aussi par les prix très raison­nables, les clients faisaient fréquemment la queue sur le trottoir devant l’épicerie voisine et au-delà, et il fallait attendre patiemment son tour… Le dimanche, c’était l’affluence de 9 h 30 à 13 h, chacun venant acheter son pain et ses gâteaux. Les commerces de notre boulangerie, de la charcuterie de M. Geniès, de l’épicerie de M. Forget et du bar de M. Bricault étaient voisins et complémentaires, et attiraient du monde… Nous avons également souvent participé à la Fête du Pain. Il nous est même arrivé d’être appelés en pleine nuit pour livrer à 2 heures du matin pour une fête ou un bal qui manquait de gâteaux pour le dessert…».
Le Printanier, 40 ans de succès à Cour-Cheverny...
 Marie-Louise Renault
et Gérard Renard

G. R. : « Nous fabriquions jusqu’à 200 Printaniers par semaine, et de nombreux autres gâteaux…, mais aussi des chocolats, des glaces, des confiseries, des dragées pour les baptêmes, etc. Les réfrigérateurs étaient souvent pleins, et M. Forget nous permettait de stocker une partie de notre production dans les chambres froides de son épicerie. Nous fabriquions des Printaniers de tailles diverses, pour 4, 6, 8 et parfois 10 ou 12 personnes… Pour certaines occasions, nous leur donnions une forme particulière comme celle d’une bûche ou d’un terrain de football… ».

Un Courchois nous a également rapporté qu’un jour, participant à un concours organisé par Radio Val de Loire, il gagna un Printanier… Belle publicité pour ce produit local !

Un secret de fabrication
Le Printanier, 40 ans de succès à Cour-Cheverny...Nous ne pourrons pas vous communiquer la recette, mais Gérard nous a montré un magni­fique objet dont nous vous présentons la photographie : le pochoir en cuivre avec lequel il inscrivait « Printanier » avec du chocolat sur une bande de pâte d’amandes (auparavant, il réalisait cette inscription au cornet…), ainsi qu’un second avec lequel il décorait le gâteau « Le Cheverny », autre création de la mai­son. On imagine le talent du créateur de ces pochoirs, artisan resté inconnu…
Le Printanier, 40 ans de succès à Cour-Cheverny...

Le Printanier n’a pas été breveté, et les bou­langers actuels de Cour-Cheverny utilisent toujours cette appellation ; mais comme nous l’a souligné Gérard, bien que savoureux (La Grenouille a testé pour vous !), il ne s’agit pas du même gâteau…

« La Grenouille » a fait un rêve : Gérard Renard s’était remis à l’ouvrage et nous concoctait un Printanier du XXIe siècle avec sa recette qui restera secrète… Mais hélas, ce ne fut qu’un rêve et nous sommes restés sur notre faim…
Merci à Marie-Louise Renault et Gérard Renard, qui ont témoigné pour nous de leur passion pour le métier de boulanger pâtissier et de leur amour de la clientèle, restés intacts.

P. L.

(1) Actuellement, c’est la boulangerie « La Pétrie » qui est installée à cet endroit.
(2) Indication de l’annuaire du Loir-et-Cher de 1961. Depuis cette époque, la numérotation a changé dans cette rue ; à noter qu’à cette date, l’annuaire téléphonique nous indiquait 97 abonnés à Cour-Cheverny… ; numéro de téléphone de la boulangerie : le 70…
(3) La Tropézienne a été créée par Alexandre Micka, pâtis­sier d’origine polonaise installé à Saint-Tropez dans les années 50. Il a apporté de Pologne la recette d’un gâteau brioché à la crème de sa grand-mère. En 1955, le film « Et Dieu… créa la femme » de Roger Vadim est tourné à Saint- Tropez. Alexandre Micka, chargé de réaliser les repas pour toute l'équipe, présente sa tarte. Brigitte Bardot lui suggère de la nommer « Tarte de Saint-Tropez ». Le pâtissier, lui, opte pour « tarte tropézienne ». Dans la foulée, il dépose la marque et le brevet de fabrication (Wikipédia).

Nota : La Grenouille n'a pas réussi à se procurer une photo du Printanier de la boulangerie Renault...
Le Printanier, 40 ans de succès à Cour-Cheverny...


La Grenouille n°47 - Juin 2020

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