Regards sur 80 années de médecine générale à Cour-Cheverny

Regards sur 80 années de médecine générale à Cour-Cheverny
Jean-Pierre Jollivet, médecin à Cour- Cheverny désormais à la retraite, revient sur sa pratique de la médecine qu’il exerça durant toute sa carrière à Cour-Cheverny et alentour. Il nous livre, avec le recul, ses réflexions sur les changements d’époques qu’il a connues : celui de la génération des médecins qui l’ont précédé et l’arrivée de la génération actuelle. Ces changements ont affecté la pratique du métier de par l’arrivée de nouveaux médicaments, de nouvelles approches médicales, l’adapta­tion à de nouvelles organisations autant que par de nouvelles attentes du public qui a évolué en même temps que les change­ments profonds de notre société.


Laissons la parole à Jean-Pierre Jollivet

« Il est fort possible que des ancêtres de notre amie La Grenouille ou de ses cousins les crapauds aient fini dans les marmites de très anciens guérisseurs courcho-chevernois… Y ayant exercé la médecine durant 40 ans, mon témoignage se limitera cependant ici à rapporter ce que j’aurai pu voir ou entendre concernant l’évolution des pratiques des méde­cins locaux durant deux générations ainsi que l’ambiance dans laquelle elles ont pu s’exercer. La période concernée court ainsi de la dernière guerre à l’arrivée de la pandémie de covid…».


En quête d’un premier poste

Regards sur 80 années de médecine générale à Cour-Cheverny
« Au tout début des années 1980, ma dernière année d’internat à l’hôpital de Blois approchait, et avec elle, la nécessité de définir dans quelle commune des environs j’allais bien pouvoir exercer. Une approche était de rechercher un médecin que je pourrais remplacer durant ses congés. Plutôt campagne, plutôt sud de la Loire, je choisis de confier mon sort aux listes alphabétiques des pages jaunes de l’annuaire téléphonique. La première commune fut Cour- Cheverny et le premier médecin Benoistel. Et premier appel, première réponse positive…

Deux jours plus tard, je rencontrais le docteur Georges Benoistel et son épouse dans leur jolie maison de la rue Gilette. Comme bien souvent à l’époque, il travaillait seul et son domicile était aussi son cabinet professionnel. Il avait utilisé un petit bâtiment tout proche de son logement qui lui permettait de rejoindre son cabinet de consultation en charentaises même par temps de pluie… Tout bien sûr était installé dans son jardin et les clients traversaient la pelouse et les fleurs que "Mimi" entretenait avec soin ainsi que le potager dont s’occupait un jardinier. Aux beaux jours, la porte de la salle d’attente donnait directement sur les pieds de tomates et d’oseille et chacun pouvait apprécier le bon ordonnancement des lignes de légumes. Mais lui prenait un malin plaisir à confondre tulipes et glaïeuls, préférant le bricolage dans son atelier et les activités sportives, ping-pong en compétition, tennis lorsque je l’ai connu, ski nautique sur un étang des environs plus tôt dans sa vie ».


Découverte de la pratique médicale sur le terrain

« Bien sûr, le cabinet que je découvrais était le reflet de la médecine pratiquée à Cour- Cheverny les quatre décennies précédentes et de l’esprit dans lequel elle l’avait été. La pièce la plus surprenante était la salle de radiographie, aux portes totalement doublées de plaques de plomb, avec ses tabliers de plomb, un petit refuge pour l’opérateur et une source sans grande protection. Je l’ai vu faire ses ultimes clichés avec ce matériel obsolète et développer ses clichés dans la petite chambre noire attenante, avec les bacs de réactifs, le minuteur, la lumière bleue… Et si, je crois, il n’y avait pas de fracture ce jour-là, il en avait plâtré bien d’autres dans la salle de soins attenante. Une salle certes vétuste lorsque je la découvre, mais qui avait été le théâtre de tant de gestes réservés à la pratique hospitalière pour un médecin de ma génération, qu’elle ne pouvait induire qu’une forme de respect. Cour-Cheverny n’est pas éloigné de Blois et de son hôpital mais la période de son installation était compliquée. Quand se déplacer n’était pas possible pour certains, quand le bombardement du pont de Blois avait rendu l’hôpital inaccessible, quand la guerre était là, il avait bien fallu gérer sur place des situations difficiles. Et s’il m’avait décrit les visites lointaines en moto par tous temps, pas un mot sur ces ravitaillements clandestins de réfugiés cachés dans un châ­teau de Huisseau… Le plus stupéfiant qu’il m’ait raconté est cette anesthésie générale, je ne sais plus pour quelle pathologie, qu’il avait pratiquée, seul avec son épouse, un dimanche matin. À l’aide d’instruments de réanimation qu’il avait bricolés lui-même avec des matériaux de récupération, comme ce respirateur qu’il me montrait. Incroyable…

La salle de consultation elle-même était simple et agréable, un solide bureau de bois, une petite bibliothèque, une table et un divan d’examen neuf. Le bâtiment se terminait sur la salle d’attente qui jouait son petit rôle social, lieu de retrouvailles et de discussions parfois longues et animées car l’unique pratique était la plage horaire dédiée aux consultations, sans système de rendez-vous. Lorsque nous avons décidé de nous associer, cette pièce est devenue mon bureau tandis que la salle d’attente était transférée dans la dernière pièce du bâtiment, libérée des oignons et des noix qui y séchaient et rajeunie par un bon coup de peinture ».


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Vers une association

« Le souhait du docteur Benoistel de s’asso­cier était motivé par sa volonté d’alléger son activité tout en la poursuivant encore quelques années. Car les temps changeaient. Avec son confrère le docteur Jean Grateau, ils avaient chacun dans leur cabinet courchois mené une activité intense mais bien différente de celle qui s’annonçait. Certes la population augmen­tait mais surtout, progressivement, les niveaux de vie s’améliorant, les mentalités évoluant et les largesses de la Sécurité sociale aidant, la demande de soins augmentait et allait aboutir à ces rythmes de travail diaboliques qu’allait devoir gérer la génération suivante.

La pratique quotidienne du médecin généra­liste s’appuyait à cette époque, certes sur les consultations au cabinet, mais aussi, beau­coup, sur les « visites » réalisées au domicile des patients. Pour les obtenir dans la journée, il convenait d’appeler assez tôt le matin car passé neuf heures, le médecin était parti et c’est l’épouse ou une employée qui répondait aux appels. En cas d’urgence, elle avait la liste, et l’ordre dans lequel les personnes étaient visitées dans la matinée et tentait de faire passer l’info… Dans cette période cha­cun n’était pas équipé d’un téléphone et les déplacements étaient moins aisés. Bien des médecins avaient mis en place un système de « boîte aux lettres ». Il s’agissait d’un corres­pondant dans un hameau, souvent un café, où ils passaient de façon hebdomadaire. Ce laps de temps permettait aux habitants alentour d’y laisser le message lui demandant de se rendre chez eux lors de son prochain passage ».


On s’adapte aux besoins de la population

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« Dans un contexte où les alternatives médi­cales étaient difficiles, voire inexistantes, la volonté des médecins était de proposer un service où le maître mot était disponibilité. Et le préalable pour y parvenir était d’installer son habitation, avec le cabinet qui y était géné­ralement attenant, au sein même du village où on désirait exercer. Avec un revers à la médaille, la possibilité donnée de faire appel à son médecin d’une façon moins codifiée, consistant à se rendre directement chez lui, notamment en cas d’urgence, et même si un confrère était de garde. Et cela conférait au quotidien des médecins, et à leurs week-ends, une forme de poids permanent, certes bien souvent motivé par un sentiment de confiance, et accepté avec abnégation et don de soi, mais aussi, la fatigue aidant, vécu comme une forme de harcèlement dont on tentait de se prémunir. L’organisation généralisée progres­sive de gardes de week-ends allait progressi­vement mettre un terme à ces habitudes que j’ai personnellement peu connues.

Si le nombre "raisonnable" de patients vus quotidiennement en médecine générale de campagne dans cette période permettait aux médecins de s’adonner à des activi­tés annexes, ils étaient aussi soumis à des contraintes que n’allaient pas connaître leurs successeurs. Le faible nombre de médecins en secteur rural leur imposait de se déplacer parfois fort loin, jusqu’à Romorantin m’avait confié Georges Benoistel. Et puis surtout, il y avait les accouchements. Il est aujourd’hui peu concevable d’organiser un accouchementhors d’un service médical spécialisé et si cela survient, sans une supervision de celui-ci. C’était alors le plus souvent le cas. Et s’il est un acte sur la durée duquel le médecin ne peut influer, c’est bien un accouchement. On imagine facilement le nombre d’heures et de nuits entières passées au chevet de ces femmes, dans des lieux isolés, avec la crainte fatalement présente que tout ne se passe pas bien… Une anecdote un peu difficile, qui nous avait marqués mon épouse et moi, parce qu’elle mettait en lumière la précarité et le dénuement de la période, concernait cet accou­chement où on avait dû préalablement libérer le lit du corps du membre de la famille décédé quelques heures plus tôt… Tant de situations dramatiques étaient gérées par l’humanité et la disponibilité totale des médecins…

Outre le cabinet du docteur Benoistel, il exis­tait à mon arrivée un second cabinet de médecine générale dans la commune, celui du docteur Grateau. Cette situation n’était pas récente puisque le premier avait repris le cabi­net du docteur Montagne, disparu tragique­ment à la fin de la guerre, et le second celui du docteur Branchu. Et il existait également une clinique privée psychiatrique, implantée au château de La Borde. Créé en 1953 dans des circonstances difficiles par le docteur Jean Oury, cet établissement aura très vite été, et demeure aujourd’hui, un haut lieu de la psychothérapie institutionnelle. Il accueille en hospitalisation plus d’une centaine de patients et aura toujours offert la possibilité de prise en charge en ambulatoire de pathologies moins lourdes mais nécessitant un suivi spécialisé ».


Les professions paramédicales

« Dans le domaine des professions paramé­dicales, l’existence d’une pharmacie semble être ancienne, tenue par M. Bellanger dans la première partie du siècle, puis par Mme Bense, toujours présente à mon arrivée. L’existence d’un cabinet infirmier en revanche n’a été effective que dans les années 70, avec Mme Durand et M. Pierre. Les prélèvements sanguins auparavant étaient effectués par les médecins pour ceux qui ne pouvaient se déplacer à Blois et il arrivait que les intramus­culaires soient localement prises en charge au niveau d’un hameau par un voisin complai­sant. Enfant du pays, Jean Lesage ouvre pour sa part un premier cabinet de kinésithérapie en 1975, remplaçant ainsi un kiné blésois qui assurait des vacations deux fois par semaine, si le nombre de rendez-vous était suffisant… Côté soins dentaires, si des arrachages de dents étaient parfois réalisés par les méde­cins, c’est au tout début des années 80 que le docteur Fauran ouvre un premier cabinet à Cheverny. On peut aussi évoquer ici l’activité parallèle des rebouteux et guérisseurs dont une figure marquante aura été le « Père Olivier », qui officia jusqu’à l’immédiat après-guerre. Concierge au château de Cheverny, apprécié pour ses compétences à soigner chiens et chevaux, il s’était également taillé une belle renommée dans ce domaine ».

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L’offre hospitalière évolue

« La situation géographique de nos deux communes imposait Blois comme site pri­vilégié pour les hospitalisations. Durant les quarante années qui suivent la guerre, les patients sont hospitalisés dans l’historique et architecturalement remarquable Hôtel-Dieu du quai de l’Abbé Grégoire, avec sa grande salle commune. Ce n’est qu’en 1978 que s’ouvre la première tranche de l’actuel hôpital de Blois, offrant enfin des locaux et des capa­cités d’organisation plus en rapport avec la médecine de l’époque. À mon arrivée, l’offre en hospitalisation privée, essentiellement à visée chirurgicale, se répartit entre trois éta­blissements disséminés dans la ville, les cli­niques Saint Côme/Saint Damien, Florimond Robertet, et des Lices ».


Notre association « officielle » se concrétise

« C’est en 1982 que nous avons décidé avec Georges Benoistel de nous associer, suivant en cela l’évolution du cabinet du docteur Jean Grateau qui travaillait désormais avec son fils Jean-Mary. Les aînés arrêtèrent leur activité professionnelle après quelques années de ce fonctionnement bigénérationnel, remplacés par les docteurs Cottin d’un côté et de l’autre par Claudie Grateau, épouse de Jean-Mary et pre­mière touche de féminisation du paysage médi­cal courchois. Cette période fut donc le moment de bascule dans l’exercice local de la médecine générale, passant d’une pratique solitaire au domicile à une pratique de groupe au sein d’un cabinet médical. Dans un tout premier temps ces cabinets restèrent au domicile des créateurs puis furent transférés l’un et l’autre dans des locaux neufs, "aux normes", tous deux en centre-bourg. Dans un contexte où la demande en soins médicaux augmentait, ces regroupements offraient deux avantages prin­cipaux. Pour la clientèle c’était la certitude de bénéficier quoi qu’il arrive d’une permanence téléphonique et de soins, et pour les médecins la possibilité de desserrer quelque peu l’étau de la contrainte d’une disponibilité absolue.

Chacun conservait sa propre clientèle et assurait ses urgences durant les nuits de semaine. Pour les week-ends et jours fériés en revanche, du samedi midi au lundi matin, un "tour de garde" était organisé dès mon arrivée, qui regroupait les médecins d’un vaste secteur géographique du sud blésois délimité par les communes de Saint Gervais, Muides, Dhuizon et Cour-Cheverny. Une soi­rée conviviale les réunissait deux fois l’an, où le planning était arrêté, et qui permettait de créer un lien amical entre les intervenants, bien agréable lors des relations profession­nelles du quotidien. Jusqu’à l’arrivée du télé­phone portable, fin des années 90 je pense, le conjoint était également de garde durant ces longs week-ends, scotché près du téléphone et suivant "à la trace" le médecin de visite en visite. Car c’est la visite à l’époque qui était le seul acte réalisé lors des gardes. Par la suite, la consultation au cabinet a progressivement été proposée jusqu’à devenir la norme ».


Le début des années 2000

« Avec le siècle nouveau, le secteur géo­graphique de garde va être un peu réduit, limitant la charge et la fatigue induite par ces astreintes qui couraient du samedi midi au lundi à 8 heures, lorsque les premiers appels de la semaine commençaient… Plus tard encore, dans les années 2010, l’organisation des gardes a été totalement revue dans le cadre d’une réglementation nationale qui confie désormais au SAMU la responsabilité de recevoir les appels téléphoniques, orien­ter les appels de médecine générale vers le médecin de garde et intervenir lui-même en cas d’urgence grave. En permettant une intervention directe de secours spécia­lisés, sans attendre que le médecin arrive sur les lieux et appelle lui-même le SAMU, cette nouvelle approche constituait un progrès impor­tant dans la prise en charge des urgences.

Une anecdote parmi tant d’autres issue de ces tours de garde "à l’ancienne", réali­sés sans portable niGPS, qui illustre l’ambiance de ces interven­tions. Je suis appelé au chevet d’une dame en fin de nuit en campagne. Elle va mal. Je détaille minutieusement au SAMU le chemin à prendre pour arriver, avec ce petit embran­chement final. Le temps est toujours terrible­ment long à attendre auprès d’une urgence vitale et que rien de plus ne peut être fait. Je sors. Quelques trainées de brouillard flottent à 10 mètres de haut dans l’aube naissante, reflètent la lumière clignotante du gyrophare qui s’approche et me permettent de constater que l’embranchement n’a pas été pris. Petite poursuite sur trois kilomètres mais ils font déjà demi-tour lorsque je les rejoins. Las, les roues arrières de leur véhicule glissent dans le fossé, déclenchant le seul juron venu du SAMU que je n’aurai jamais entendu. Les phares éclairent la cime des arbres. Moment suspendu. Un coup d’accélérateur rageur arrache par miracle le véhicule du fossé. La dame s’en tirera. Et puis encore cette autre, où je rentre à quatre heures du matin de Dhuizon, commune la plus lointaine. Je suis dans ma cour lorsque le téléphone sonne. Retour à Dhuizon, rue d’à côté… ».


Des rapports confraternels entre médecins

« Un médecin est toujours susceptible d’être réquisitionné par la gendarmerie. C’était régu­lièrement le cas durant ces gardes, notam­ment pour des prélèvements sanguins pour recherche d’alcoolémie, les contrôles par machines n’ayant alors pas de valeur juri­dique. Ah, les sorties de discothèque du côté de Muides…

Il faut ici dire un mot sur l’état d’esprit qui régnait dans la profession à mon arrivée, directement issu des relations personnelles des nombreuses décennies précédentes. Si l’existence de deux cabinets aurait facilement pu conduire à des situations excessivement tendues, ce sont des sentiments dominants de confiance et de respect que j’ai trouvés à mon arrivée, des sentiments confraternels. Et ceci se retrouvait dans les rapports que nous pouvions avoir avec l’ensemble des confrères spécialistes, le plus souvent blésois, auxquels nous adressions nos patients. Et de la même façon lorsque nous avions besoin d’un conseil pour un cas compliqué, malgré la charge de travail de chacun ».


De profonds bouleversements

Regards sur 80 années de médecine générale à Cour-Cheverny
« Outre l’évolution de l’organisation des gardes, cette période de quarante années, en gros de 1980 à 2020, à l’image de ce qui se passait dans le pays aux plans réglemen­taires et sociétaux, aura été un temps de transformation très progressif mais profond de la pratique médicale locale. L’irruption de l’informatique dans le quotidien des médecins marquait le début d’un bouleversement des pratiques. Bien des médecins avaient com­mencé seuls à informatiser leur cabinet, par intérêt personnel pour les nouvelles techno­logies, mais au détour du millénaire l’informa­tisation devint obligatoire. Un certain nombre de médecins cependant, peu nombreux mais dont j’étais, préférèrent jouer la montre jusqu’à leur retraite, considérant comme un privilège pour eux et leur clientèle le fait de pouvoir toujours mettre en oeuvre des pratiques plus compatibles avec leur approche de la pro­fession. Cette possibilité de l’entre-deux est aujourd’hui définitivement révolue, l’informa­tique dévoile chaque jour un peu plus ses capacités à faire progresser les performances médicales et même si elle s’insinue trop à mon goût entre le médecin et ses patients, elle va continuer longtemps encore à restructurer des pans entiers des pratiques ».


La polyclinique vient renforcer l’offre d’hospitalisation

« La diversification pour les résidents de nos communes des possibilités d’hospitalisation à Blois, en médecine et chirurgie, constitue un autre axe fort des avancées de la période en matière de prise en charge médicale. Près de trente ans après l’ouverture du centre hos­pitalier, officiellement baptisé "Simone Veil" en 2018, la polyclinique de Blois voit le jour en 2006. Issu du regroupement des trois cliniques précédemment citées, cet établisse­ment moderne vient alors renforcer et complé­ter l’offre de soins locale, tant en chirurgie que dans bien des domaines médicaux ».


Des choix politiques et réglementaires qui ont abouti à la situation d’aujourd’hui

« Mais tout n’aura pas été rose dans cette période. J’arrivais peu après les "trente glo­rieuses", et les comptes de l’assurance mala­die n’étaient pas bons. Trop de rembourse­ments de produits à l’efficacité contestable certainement, trop de professionnels de santé très probablement. La réponse politico-admi­nistrative sur ce dernier point sera cohérente dans ses principes mais excessive dans sa durée. La mise en oeuvre du "numérus clau­sus" à la fin de la première année d’études médicales fait chuter drastiquement le nombre de médecins qui sortent des facultés. Durant plus de deux décennies, les effets sur le terrain sont peu visibles car les médecins en place compensent les déficiences en travaillant plus pour maintenir à niveau la qualité de la méde­cine du pays. Mais les départs en retraite non remplacés se multiplient inexorablement et la notion de "désert médical" fait insidieusement son apparition. Des départements voisins du nôtre sont frappés de plein fouet et des pans entiers du Loir-et-Cher sont concernés. Très sensible à cette évolution programmée, Jean- Mary Grateau, médecin passionné et enfant du pays, imagine des scenarii tournant autour de la création d’une vaste maison médicale multi-disciplinaire, puisque telle est la solution mise en avant par les autorités politiques. Les réflexions à ce sujet sont longues et orientées par les sensibilités et opinions de chacun. Elles aboutissent à la création en 2015 de la maison de santé de Cheverny tandis qu’un pôle dentaire et médical demeure à Cour- Cheverny. L’ex-cabinet Benoistel disparaît quant à lui en 2021 avec le départ à la retraite des docteurs Jollivet puis Cottin.

Malgré ces difficultés qui touchent l’ensemble des professionnels de santé, cette période de quarante années verra petit à petit le réseau des structures et d’intervenants se diversifier. C’est ainsi que l’ancienne maison de retraite « La Favorite » évolue vers un statut d’établis­sement médicalisé, un EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes) et voit progressivement ses locaux se moderniser et s’améliorer. En ville, plusieurs cabinets, pluridisciplinaires ou pas, voient successivement le jour, concernant essentiellement des activités de sage-femme, soins infirmiers, orthophonie, kinésithérapie et ostéopathie ».

Ces quelques notes auront modestement tenté de balayer à grands traits les évolutions majeures du paysage médical de nos deux communes durant deux générations de méde­cins tout en portant un regard sur celles de l’ensemble des acteurs de santé. Tout évolue si vite de nos jours. La médecine de demain est en train de s’écrire dans les laboratoires de recherche et bouleversera à son tour tout ce que nous avons connu. Ce sera une autre histoire que raconteront les successeurs de La Grenouille… ».


Merci à Violette Rousvoal, Jean Lesage et Hervé Benoistel pour leur aide précieuse.

J.-P. J.


La Grenouille n°69 - octobre 2025


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