Les croix peintes sont des éléments
du petit patrimoine de nos communes. Leur grande variété fait leur charme,
autant par la différence des matériaux utilisés que par la diversité des
formes et des couleurs employées.
Croix se trouvant au début de l'allée du Chêne des Dames à Cheverny. Elle évoque le bouquet de roses de Sainte- Thérèse de Lisieux cité dans sa prière "Jeter des fleurs" |
Promeneurs ou automobilistes, vous avez certainement
remarqué ces croix peintes situées le long de nos routes ou à certains des
carrefours de nos deux communes. Vous vous êtes certainement demandé qui avait
peint ces croix et pourquoi, car à l’origine elles n’étaient pas peintes ni
décorées de cette façon.La Grenouille, après avoir mené son enquête, a rencontré les deux
Chevernois à l’origine de cette opération pour le moins originale, mais aussi
utile et, il faut bien le dire, esthétiquement réussie.
Jean Coupé, ancien entrepreneur
de peinture blésois, qui demeure à Cheverny depuis plus de 30 ans, ayant
remarqué que ces croix étaient en mauvais état (la fonte était rouillée,
fragilisée, et le bois, pour certaines, abîmé), entreprit, avec son ami Roland
Rousvoal, également Chevernois depuis plus de 45 ans, de les repeindre.
Pour Jean Couppé, « Cette démarche a été
menée à bien dans un esprit chrétien et citoyen afin de donner une meilleure
image de Cheverny, commune touristique, tout en oeuvrant pour la conservation
du petit patrimoine communal ». En 2006 et 2007,
soit pendant deux ans, ils ont donc repeint une douzaine de croix sur les
communes de Cheverny et Cour-Cheverny, mais aussi sur les communes de
Cellettes et Cormeray.
Il s’agit incontestablement d’un
véritable travail artistique et ces croix peintes méritent un arrêt afin de les
observer de plus près. Les trois photographies qui illustrent cet article
permettent d’apprécier le travail effectué.
Jean Couppé et Roland Rousvoal repeignant la croix située au carrefour du bûcher et de l'impasse du bûcher à Cheverny |
Les couleurs n’ont pas été choisies
au hasard. Jean Couppé a d’abord peint des maquettes en bois afin d’utiliser et
de positionner au mieux les couleurs sélectionnées. Jean et Roland précisent, à
propos des couleurs choisies : « Elles s’inspirent de celles que
l’on retrouve dans la religion catholique : le blanc symbolise la joie et la
pureté ; le rouge la passion du Christ évoquant le sang versé dans son martyr
et celui des Saints ; le violet rappelle la méditation et la pénitence ; le
vert symbolise l’espérance et les biens à venir ; le bleu clair en l’honneur
de la vierge ; le rose inspire la joie et la solennité ; l’or est le symbole de
la royauté (le royaume de Dieu) ; le jaune évoque la gaieté, la lumière et la
jeunesse ».
Pendant qu’ils restauraient et
repeignaient les croix, ils ont souvent été interpellés par des promeneurs
piétons ou automobilistes curieux de savoir ce qu’ils faisaient.
Jean Couppé rapporte la réflexion
d’un automobiliste qui s’arrête alors qu’ils se trouvaient au carrefour de la
Croix de l’Ormeau à Cheverny : « L’automobiliste me demanda si
j’avais la permission de faire ce travail. Je lui répondis que j’avais non
seulement la permission du maire, mais aussi l’accord de l’architecte en chef
des monuments historiques et la bénédiction de Monseigneur l’évêque ! ».
Croix située au carrefour de la voie des Chatains et de la route de Bracieux à Cour-Cheverny |
Intarissable sur le sujet, Jean
Couppé poursuit son récit : « C’est depuis le IVe siècle que la croix
s’est imposée comme symbole du Christianisme. Elles ont pris parfois la place
d’un lieu de culte païen.
Les croix de chemins, dont l’implantation s’est
surtout développée au Moyen-âge étaient destinées à christianiser un lieu. Les
processions s’y arrêtaient et c’est encore le cas de nos jours en certaines
occasions, notamment à celles qu’on nommait « Croix de Rogations (1) », où l’on se rendait pour la
bénédiction de la terre et des récoltes ou des vendanges.
Un certain nombre d’entre elles étaient aussi des
croix sur la « voie des morts » : de la maison du défunt à l’église, le convoi
y stationnait pour réciter quelques prières, ce qui permettait aux porteurs du
cercueil de faire une pause. Les croix implantées à un carrefour guidaient le
voyageur. Il faut savoir que la plupart des croix de chemins ou de carrefours
ont été détruites après la Révolution française puis reconstruites au XIXe et au XXe siècles, à
l’initiative des autorités ecclésiastiques ».
Merci à Jean et à Roland pour ces
explications qui lèvent ainsi le « mystère » des croix peintes.
(1)
Rogation : en
latin, « rogatio » signifiait à l’origine « demande » et a pris le sens de «
prière, supplique » en bas latin et de « prière accompagnée de procession » en
latin ecclésiastique.
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